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Le blog de Marie Chevalier

Le blog de Marie Chevalier

un blog pour mes écrits et pour y recevoir mes amis

Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

Une belle rencontre, dans une des circonstances suivantes, au choix :

- en promenant son chien, ou tout autre animal favori,

- en attendant ses enfants à la sortie de l’école,

- en patientant dans une file d’attente.

Par “belle rencontre”, j’entends : pittoresque ou étonnante ou décisive.

Mon vieux curé

Je piaffais d’impatience à la caisse du Carrefour de ma ville quand une main me frôla l’épaule.

— Bonjour Madame.

Je n’étais pas d’humeur, que me voulait cet homme ? Car forcément cette voix grave était celle d’un homme. Je ne me retournais pas tout de suite, exprès pour bien lui montrer que l’on ne m’interpelle pas ainsi. Je suis une femme sérieuse. Je suis mariée, j’ai deux enfants, encore en âge de procréer, alors que l’on me fiche la paix. Je ne cherche aucune aventure, bien au contraire, car comme le veut mon éducation, j’ai juré fidélité à l’homme qui partage ma vie. Mais revenons à cette journée que je n’oublierai jamais.

Au bout d’une minute — c’est long une minute lorsque l’on attend— il me frappa de nouveau sur l’épaule et cette fois se pencha vers moi en souriant. :

— Alors on fait la fière ? On ne reconnait plus son vieux curé ?

Je rougis jusqu’à la pointe des cheveux, tellement gênée d’avoir eu des pensées malsaines vis à vis de cet homme.

Je me retournai enfin vers lui :

— Oh Monsieur l’Abbé ! Je ne vous aurais pas reconnu, mais que faites-vous là ?

— - Drôle de façon de me sauter au cou, petite Martine, tu te souviens quand même que nous avons eu de bons moments ensemble.

Je rougis de plus belle, la honte cette fois. Pourvu qu’il ne raconte pas tout haut notre aventure.

— Ne crains rien, ajouta-t-il en souriant, je ne dirai rien de plus, c’est notre secret.

Les autres clients commençaient à nous regarder, égrillards, ils attendaient que l’un de nous deux explique ce qui s’était passé. En tous cas ce ne sera pas moi !

— Tu te rends compte que ça fait maintenant plus de trente ans ? Tu dois avoir dans les trente- deux ans si je me souviens bien ?

— Oui en effet, répondis-je, évasive.

Et là, mon vieux curé qui lui, approchait au moins de quatre –vingt- dix ans, se retourna vers les clients qui faisaient la queue, et leur dit :

— Figurez-vous que cette jeune femme bien mise, m’a pissé dessus quand je l’ai baptisée et pire un jour de préparation à la communion, elle s’est isolée dans le confessionnal et a fait ses besoins.
Quand elle en est ressortie, elle s’est sauvée et n’a jamais voulu avouer que c’était elle.

— Alors aujourd’hui Martine, qu’il y a prescription, est-ce bien toi qui a fait ta grosse commission dans le confessionnal ?

Je ne savais plus où me mettre, les gens commençaient à rire. Certains dirent même : tout cela n’est qu’une question d’éducation, vous étiez une gosse mal élevée c’est tout.

Je ne pus me retenir j’envoyai tout valser à la caisse et me retournant vers le curé, je lui criai : oui c’était moi mais par contre c’était vous qui pissiez tous les jours sur la tombe du maire que vous ne pouviez pas voir !

Le curé devint tout pâle.

— Vous voyez l’abbé, moi aussi je peux déballer. Je ne vous salue pas et ne suis vraiment pas ravie de vous avoir retrouvé tant d’années plus tard. J’espère que d’autres occasions de ce genre ne se présenteront plus.

Très digne, laissant mon caddie et mes achats je repris mon sac en bandoulière et sortit du magasin me jurant de ne plus jamais y remettre les pieds.

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

Défi 154 croqueurs de mots

Choisissez un mot ou une expression de neuf lettres* de votre choix. Ecrivez un texte à votre convenance (en prose ou en vers) de neuf phrases, chaque phrase devant commencer par une lettre de votre mot en les prenant dans l’ordre ou dans le désordre mais toutes les lettres doivent y être et seulement elles.

Reviens

Dire que je l’aimais !

Eperdument ? Non mais trop sans aucun doute.

Sans lui je suis perdue,

Epuisée, et surtout mal, très mal !

Si mal ! Je retourne la question mille fois :

Pourquoi ? Je n’y trouve pas de réponse.

Oui pourquoi ? Ce seul mot suffit à me faire pleurer

Il me manque tant !

Reviens ! Je ne suis plus rien sans toi.

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #recueil de poésie

j’ai le plaisir de vous faire connaitre mon dixième recueil de poésie libre.

Plus de trente écrits au hasard de mes rencontres, de mes discussions et de mes observations. Et pourquoi pas le dire au hasard de mon imagination !

Il est en vente sur Lulu. Com en broché à 10 euros

http://www.lulu.com/shop/marie-chevalier/sans-rime-ni-raison/paperback/product-22429349.html

et en ebook à 4 euros

http://www.lulu.com/shop/marie-chevalier/sans-rime-ni-raison/ebook/product-22429373.html

sur amazon il sera sur ma page auteur là :

http://www.amazon.fr/Marie-Chevalier/e/B009T4SLHW/ref=ntt_dp_epwbk_0

Bien sûr il est disponible également auprès de moi si vous le souhaitez dédicacé

Sans rime ni raison

un titre dans ce recueil

La fille du port

Sonne le glas sonne

On enterre Maria

La putain du port

Sonne le glas sonne

Dormez tranquilles

Femmes de marins

Vos hommes vous reviennent !

Mais demain, lassées

De leurs manières de brutes

Vous serez les premières

A les faire sortir de votre lit

Et à espérer la venue

D’une nouvelle fille du port

D’une nouvelle Maria…

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

Écrire avec pour thème un, plusieurs ou ces 7 péchés capitaux

Le paresseux

Il n’avait jamais travaillé. Au début sa famille, ses frères, ses sœurs, ses parents même lui trouvaient des excuses.

De santé fragile il est vrai, sa vie n’avait pas été facile dans sa petite enfance.

De médecin en psychiatre, malgré la lutte acharnée contre cette léthargie, rien n’y faisait.

Des vitamines, des cours de yoga, rien. Rien ne le faisait se bouger.

Se lever semblait vraiment une opération extrêmement difficile.

Quand il eut quinze ans, ses parents fatigués commencèrent à le bousculer. Ils n’en pouvaient plus de cette mollesse. : bouge- toi, Nom de Dieu ! S’énervait le père.

Je ne suis pas ta bonne fais ton lit au moins et range ton linge hurlait sa mère qui craquait elle aussi.

Tu pourrais sortir ton bol, mettre la table, nous aider, lui demandaient gentiment ses deux sœurs.
Quand ils entendaient sa voix c’était toujours la même phrase : mais pas de panique, y a pas mort d’homm
e...

Cette phrase avant le don de mettre toute la famille en rage : en plus ils se fiche de nous ce petit con !hurlait un de ses frères !

Rien ne l’intéressait. Pourtant tous ses amis du collège voulaient l’entrainer au foot ou faire du vélo ou même aller au cinéma. : Je n’ai pas envie, je suis fatigué.

Et un jour enfin alors qu’il trainait au lit et que sa grande sœur venait de le gifler en le traitant de parasite et de gros fainéant, il se leva, bailla, mais se recoucha en la regardant en souriant et lui dit :

Pauvre frangine tu ne te rends pas compte que tu sembles née que pour te tuer au boulot. Regarde-moi, tranquille, je ne fais rien mais on me donne quand même un toit et une assiette.

Sa sœur sortit de la chambre en hurlant : tu sais que tu n’es qu’un paresseux, tu devrais avoir honte !

Il ricana et murmura : eh bien ! il vous en a fallu du temps pour vous en rendre compte !

Il se tourna vers le mur mit son oreiller sur sa tête et ronronnant de plaisir il se rendormit.

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots
défi 150 croqueurs de mots : quand on n'a que l'amour

Faites parler ce vieux couple d’amoureux,

En vers, en prose, à votre convenance

Le temps est passé

Il nous fallut attendre

Cinquante ans pour qu’un jour,

Sans crier gare tu reviennes vers moi.

Je t’ai reconnu tout de suite à tes yeux

Non, non, pas à tes yeux mais à ton regard

Tu m’avais dit : je t’aime… des dizaines de fois

Et pourtant un matin tu n’étais plus là

Parti ? Lassé ? Je ne l’ai jamais su

Et je n’ai pas voulu le savoir

Malgré mon cœur déchiré

Malgré ma douleur de t’avoir perdu !

Mais ce matin dans notre petit chemin

Tous les deux enlacés,

Regardant dans la même direction,

Tu m’as murmuré à l’oreille :

Caroline je t’aime et t’ai toujours aimée.

Tu peux ne pas me croire,

Mais c’est la vérité.

Mon cœur a bondi.

Ces mots retrouvés !

Cette douce voix grave,

Et ce baiser sur ma joue !

Je peux mourir maintenant

Je t’ai tant aimé et tu viens de m’avouer

Que pas une journée n’est passée

Sans que tu aies pensé à moi

Mais pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Mon amour, ma raison de vivre

Et surtout de survivre pendant cinquante ans !

Tu voilà près de moi, ta joue contre la mienne

Toujours aussi douce, peut-être un peu plus chaude

Tout à coup, sur ce petit chemin qui fût le nôtre,

Peu importe le pourquoi des choses,

Nous avons de nouveau vingt ans.

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

Je vous propose :

1. un nom d’oiseau : mésange

2. un nom de président de la Vème république : Pompidou

3. une position du kama-sutra : Andromaque au galop, la pieuvre

4. une injure : salaud

5. le nom latin d’une plante : Aloysia triphylla, citriodora

6. l’intitulé en italien d’une recette de pâtes : pâtes à la carbonara

7. un Etat parmi les cinquante que comptent les Etats-Unis : Louisiane

8. un titre de roman d’Agatha Christie : l’homme au complet marron

9. un instrument de musique : trompette

10. prénoms démodés : Eulalie et Clitandre

Entre amis

Nous étions attablés, Eulalie, Clitandre et moi Wilson devant la mer, et nous nous apprêtions

à vivre un moment délicieux : savourer comme toujours, les pâtes à la carbonara cuites avec

amour par Denis le cuisinier.

Ce repas bien entendu ne pouvait exister sans l’incontournable musicien de talent qui allait nous

émouvoir avec sa merveilleuse interprétation à la trompette de grands succès classiques.

L’homme au complet marron que nous connaissions un peu mais sans savoir son nom,

accompagnait ce soir le virtuose d’une petite musique douce jouée au piano.

Tout à coup nous vîmes Eulalie devenir toute pâle et inquiets nous nous sommes précipités

vers elle.

— Que t’arrive-t-il ma mésange ? Lui demandai-je, en lui caressant les cheveux.

— Je ne sais pas mais je suis allergique à certaines plantes et je crois que celle derrière

moi doit faire partie de celles-là. Quel est son nom s’il vous plait, demanda-t-elle au serveur

qui s’était approché.

— Je ne sais pas mademoiselle, mais je crois que c’est une Aloysia triphylla, ou alors une Citriodora ? Je ne connais pas désolé.

— Moi si ! C’est de la verveine et voilà c’est pour cela que je ne me sens pas bien. On va se

mettre ailleurs s’il vous plait les amis. Ouf je me sens nettement mieux c’est idiot ces

allergies !

— Tu te sens peut-être mieux lui dis-je mais tu n’es quand même pas prête de t’exercer à l’Andromaque au galop ou à la pieuvre !

Salaud ! Tu es un monstre de te moquer !

— Dites les amis demain on ira au Centre Pompidou, il y a une expo sur la Louisiane

— Super idée, d’accord !

Le trompettiste se mit à jouer et nous nous tûmes, immédiatement subjugués comme toujours.

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #recueil de nouvelles
l'exutoire

Bonjour à tous,

Je viens vous présenter mon dernier recueil de nouvelles.

Depuis que je répète qu’écrire est un exutoire pour moi, j’ai utilisé ce mot en titre de mon dernier recueil de nouvelles.

Certaines traitent de la vie courante, avec comme toujours, le point sur ce qui fait mal et aussi quelques textes que je fais volontiers avec d’autres auteurs sur des thèmes imposés.

Cela donne un mélange de genre mais on reconnait quand même ma façon directe d’écrire.

Ce recueil est autoédité comme d’habitude et on peut le trouver là :

http://www.lulu.com/spotlight/marieded

format papier : 12 euros

format pdf 5 euros

Ou me le commander par mail.

Merci à vous

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #mes nouvelles

Une bouée, rien qu’une bouée…

a obtenu les félicitations du Jury

( concours organisé par l’Association « Autour des Lettres & des Arts de l’Épine Et les Éditions Past’Elles)

Elle m’avait dit : je te donne ma parole que nous ferons toute notre vie ensemble, je t’aime.

Quand on a vingt ans, et qu’une jolie fille se pend à votre cou en prononçant ces mots, vous voyez des étoiles. Bien sûr vous la serrez dans vos bras en bégayant : moi aussi je te la donne.

Et pourtant nous sommes séparés. Au bout de cinq années de vie commune, d’amour partagé et une complicité extraordinaire.

Un jour elle me demanda si cela me tenterait d’aller en vacances dans une Ile. Pourquoi pas ai-je pensé, il y a maintenant des ponts. Cela parait puéril c’était ma condition pour accepter ce qu’elle me proposait. Elle aimait tellement la mer que je ne pouvais décemment pas refuser. Toute sa famille était de Noirmoutier, ses parents y étaient revenus à leur retraite depuis six mois et elle se languissait d’eux me répétait-elle souvent. Alors pour lui faire plaisir, j’acceptai.

Quand je la regardais, si heureuse, une vraie gamine qui attend le père Noel, je ne regrettais rien. Les deux mois précédant la date de notre départ passèrent très vite. Il n’y avait pas une journée sans qu’elle ne me soule littéralement avec ces vacances et « son » Ile ! Je dois reconnaitre que je ne comprenais pas trop cette euphorie. Cela faisait quatre années que nous partions tous les deux à travers la France et jamais elle ne s’était tant emballée.

Mais tu ne peux pas comprendre mon amour, j’y suis née, j’y avais plein d’amis, ils me manquent et je suis si contente de revoir mes parents ! J’avais quand même l’impression qu’elle en faisait trop, mais elle paraissait si enthousiaste …

Effectivement je me souvenais qu’elle me parlait assez souvent de Noirmoutier, de ses rivages, de ses pommes de terre, de ses balades en bateau, de son passage du Gois, de l’Herbaudière, des marais salants mais bon ! Tout cela ne justifiait pas à ce point autant d’euphorie.

Il faut dire que j’étais né à Paris, rien de transcendant, au cinquième étage sans confort et des parents continuellement absents à cause de leur emploi. Ils étaient tous les deux infirmiers avec des horaires complètement déments et pas vraiment en phase pour l’éducation d’un enfant. Leurs horaires changeaient tout le temps que soit la nuit, le jour, ou moitié nuit moitié jour, les jours fériés etc. je les voyais à peine. C’était notre voisine qui s’occupait bien souvent de mes repas ou de mon petit déjeuner. Ils auraient pu s’arranger, mais ils travaillaient dans le même hôpital, ce qui n’était pas facile.

Alors quand nous nous retrouvions exceptionnellement tous les trois, nous n’avions plus rien à nous dire sinon les questions toutes faites : tu manges bien à la cantine ? Tu as fait tes devoirs ? Et plus tard quand je fus adolescent ce furent d’autres questions : tu sors ? Tu as des copains, tu as une copine ?

Je souriais et ne répondais pas. Quand nous nous sommes mariés ils ne le surent que trois semaines avant.

Ce fut une petite cérémonie toute simple avec nos copains communs. Nous avions trouvé un studio pas trop cher à l’autre bout de Paris et je n’ai plus vu mes parents. Cela ne me gênait pas.

J’avais trouvé un petit boulot dans une grande entreprise à la maintenance informatique et ma femme était coiffeuse.

Ces vacances lui tenaient tant à cœur que je commençais moi aussi à être impatient de partir.

Le mois de Mai arriva enfin et tout était prêt pour notre voyage. Nous voulions éviter les vacances scolaires et ne pas être trop envahis par le monde mais bon , ce sont les vacances ! Nous partîmes à cinq heures du matin afin d’arriver tranquillement à notre location dans un gite, allée des mimosas à Noirmoutier en l’ile, une jolie maison de caractère avec bien sûr, les volets peints en bleu. Très confortable avec une cheminée. Incroyable comme ces maisons sont belles ! Je dois avouer que cela valait tous les logements « vue sur mer » que nous avions repérés sur internet ! Dehors une jolie terrasse sur un gentil jardin, le rêve. Trois semaines de bonheur nous attendaient La plage n’était pas loin, nous pourrons y aller à pieds ou en vélo.

Le lendemain nous avons loué deux vélos.

Clotilde était resplendissante dès le soir même, elle avait pris des couleurs et la fatigue de son année de travail semblait envolée. Nous avions marché, marché encore et encore, à prendre le vent marin dans le visage, respirer l’air pur et surtout parler, parler… elle me racontait son enfance, elle me racontait ses escapades avec ses copines de collège. Elles partaient le mercredi matin très tôt et fonçaient vers la plage des Dames. Pour s’y rendre, deux jeunes gens qu’elles connaissaient bien les embarquaient sur leurs petits voiliers qu’ils louaient aux estivants.

Arrivés à destination sur cette plage immense et couverte de sable fin, ils dormaient, riaient jouaient au ballon ou bien me dit-elle en rougissant : nous flirtions.

Je la trouvais charmante avec cette retenue de jeune fille. Elle m’avait parlé de ses amis Noirmoutrins me disant qu’en fait elle ne les avait jamais revus depuis qu’elle avait quitté l’île.

Le soir nous avons pu diner dehors sur la terrasse et franchement je ne cessais de me répéter que j’avais bien fait de l’écouter. Quel endroit merveilleux que cette île, moi le parisien plutôt campagne, je découvrais le plaisir simple de la béatitude devant un coucher de soleil sur la mer. Nous étions fatigués de notre longue marche mais heureux.

Le lendemain pendant que nous déjeunions sur la terrasse, elle me proposa une petite virée sur la plage des Dames ; elle voulait que je connaisse l’endroit qu’elle qualifiait de magique. Je n’étais pas très fier car je craignais une petite histoire d’amour qu’elle m’aurait cachée et je préférais qu’elle ne me parle pas de « tout ça ». De la jalousie sans aucun doute et pourtant je savais qu’elle n’était qu’à moi, qu’elle m’aimait, mais le bonheur est si fragile !

J’acceptais malgré tout et le lendemain nous y allâmes en voiture en empruntant les avenues Pineau, Victoire puis Clémenceau. Un jeu d’enfants. Nous trouvâmes tout de suite une place de parking car nous avions l’intention d’y passer la journée. Nos glacières remplies de crudités, de cochonnailles et de vin rouge léger réjouissaient les papilles. Ce soir nous passerons par Noirmoutier l’île où nous avions réservé à « la fleur de Sel » un restaurant réputé pour ses fruits de mer.

Il faisait un temps splendide et Clotilde s’étant allongée semblait dormir. Moi je dois reconnaitre que je somnolais également quand soudain ma femme poussa un grand cri ! Elle devait rêver mais je levai d’un bond et me penchai vers elle en la secouant doucement.

— Que se passe-t-il ma chérie ?

— Rien rien un cauchemar sans doute …

— Mais tu as vraiment crié très fort ?

— Bon n’en parlons plus je te dis que c’était un mauvais rêve.

— Raconte si tu veux ça te soulagera.

— Je te dis de ne plus en parler d’accord ?

Le ton employé me sidéra. Jamais elle ne m’avait parlé avec cet agacement.

La matinée passa rapidement sans que nous échangions une parole. Je respectais son silence mais j’étais particulièrement sur les nerfs et quand le soir nous arrivâmes au restaurant je remis ça:

— Tu peux me le dire maintenant à quoi correspondait ton rêve ?

— Oui je vais te raconter mais ensuite je ne suis pas sûre que tu veuilles rester ici.

— Vas-y…

Elle commença à parler d’une voix basse. Il fallait que je force mon attention pour comprendre puis tout devint très clair.

Il y a dix ans, elle venait d’avoir vingt ans et était tombée follement amoureuse d’un noirmoutrin qui habitait Vieil, près de ses parents.

Ils allaient chaque jour avec une petite barque appartenant à son père rejoindre la plage des Dames quand tous les touristes étaient, soit au restaurant soit rentrés chez eux fourbus de leur balade à travers l’île.

Leur amour dura le temps d’un été. Clotilde devait repartir avec ses parents sur Paris et le garçon travaillait comme serveur pour payer ses études justement au restaurant dans lequel nous étions en train de dîner. Ce n’était pas une coïncidence, c’est elle qui avait choisi ce lieu. Elle me l’avoua en même temps que tout le reste.

Un soir juste la veille de partir ils décidèrent de passer la nuit sur la plage.

Comme d’habitude ils vinrent en barque et …..

Un geste trop brusque de Clotilde qui se leva d’un bond à l’arrière de la barque les fit chavirer.

Ils savaient tous les deux nager, mais ils n’avaient pas envisagé qu’ils venaient de dîner et copieusement en plus.

Johan coula à pic.

Clotilde, perdue et effrayée put tant bien que mal regagner la rive, ils n’étaient pas très éloignés de la plage. Ils y étaient presqu’arrivés. Elle ne fit rien pour sauver Johan qui l’appelait, la suppliait de venir l’aider… Trop peur des représailles, elle le laissa se noyer. Elle pleurait en me racontant cela et surtout insistait sur le fait qu’elle ne savait pas quoi faire, la barque était retournée et …

Je la pris dans mes bras, essayant de la calmer et lui affirmant que tout cela n’était pas de sa faute, qu’elle avait eu peur... Enfin toutes les phrases que l’on dit dans ces moment-là.

Nous rentrâmes dans notre location, sans un mot, perdus tous les deux dans nos pensées.

Dans la nuit, j’entendis vaguement du bruit dans la cour. Je pensai que c’était un animal et je me rendormis.

On frappa fort à la porte vers six heures du matin, il faisait à peine jour. J’ouvris en me grattant la tête et je vis deux gaillards de mon âge à peu près tenant ma Clotilde, ruisselante.

Cette femme est la vôtre ? On l’a trouvée morte cette nuit sur la plage des Dames. La mer l’a sûrement ramenée avec la marée. Elle avait ça pourtant près d’elle… une bouée… On ne comprend pas pourquoi elle l’a emportée et surtout pourquoi elle ne l’a pas mise…

Je ne savais plus quoi faire ni dire. Tout se déroulait si vite !

Quand je vis sur la table de chevet une enveloppe à mon nom.

Je l’ouvris en tremblant.

Jeannot, tu n’aurais jamais dû insister pour que je te raconte mon cauchemar. C’était Johan qui m’appelait et tu sais ce qu’il me disait ? N’oublie pas la bouée cette fois, que l’on ne fasse pas naufrage deux fois …

Je ne suis jamais revenu dans l’île. Ses parents l’ont enterrée au cimetière du village et moi je suis rentré chez moi, seul….

FIN

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Publié le par Marie Chevalier
Publié dans : #mes romans
PALMARES DU CONCOURS LITTERAIRE APPEL 2015

PALMARES DU CONCOURS LITTERAIRE APPEL 2015

Premier prix du roman édité

BASTIDE (mon avant-dernier roman )
ça fait plaisir je partage !

j'ai reçu le diplôme consacrant ce prix le voilà:

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

Jeu 148 (croqueurs de mots) l’Océan

Pèlerinage

Il nous fallut une heure pour retrouver le chemin qui montait en haut de la falaise. Les enfants n’avaient jamais vu la mer. Alors Corine une amie, et moi qui suis veuve, avons décidé de les emmener une journée au bord de l’Atlantique. Une fois là-haut, bousculés par un vent terrible, nous avons essayé de respirer. Je disais aux gosses : fermez la bouche sinon vous allez vous étouffer !

Mon amie ne cessait de tourner sur elle-même, elle riait aux éclats de voir sa jupe se gonfler puis se rabattre sur ses mollets comme un parachute criait-elle, je vais m’envoler !

Tout le monde s’amusait mais un de mes gamins, la petite dernière plomba l’ambiance en nous disant en pleurant : c’est d’ici que Papa est tombé ?

Nous nous sommes regardées Corine et moi et n’avons su quoi répondre.

Mathieu son frère lui murmura : chut, tais- toi il t’entend !

— Mais je ne dis rien de mal je veux savoir si c’est ici que papa est tombé sans le faire exprès.

Heureusement que la gamine a précisé sans le faire exprès sinon je commençais à culpabiliser ! Que savait-elle de cette histoire et qui lui en avait parlé ?

Je regardais Corine qui se mit à rougir.

— Bon d’accord c’est moi qui leur ai dit, tu ne vas pas garder ce secret toute ta vie ! Tu n’y es pour rien si ton mari a perdu l’équilibre, tiens les enfants, c’était un jour de grand vent comme aujourd’hui, alors on va redescendre avant de s’envoler comme votre Papa !

Nous redescendîmes en silence, la journée était fichue. Mais pourquoi avais-je eu cette idée de faire venir les enfants ici, justement où leur père faisant le malin avait couru jusqu’au bord de la falaise croyant s’arrêter à temps et avait glissé et chuté.

Corine qui n’en ratait pas une leur dit :

— Bon maintenant que vous savez ce qui s’est passé on va aller voir où on l’a ramassé d’accord ?

Pour une première sortie à la mer c’était réussi.

Cette histoire nous est arrivée il y a trente ans.

Aujourd’hui, Corine n’est plus et mes enfants sont dispersés dans toute la France. Alors chaque année je viens seule. J’ai de plus en plus de mal à grimper en haut de cette fichue falaise, mais je le fais pour Pierre.

Ensuite je redescends moi aussi et m’assoie là où on l’a récupéré. Je regarde l’océan, et je lui dis : tu l’as vu tomber toi, pourquoi ne l’as-tu pas retenu ?

Mes enfants disent que je perds la raison. Possible. Mais si perdre la raison c’est parler à l’océan, je veux bien être folle….

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