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Le blog de Marie Chevalier

Le blog de Marie Chevalier

un blog pour mes écrits et pour y recevoir mes amis

Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

 

 

Je vous propose de vendre avec l’image ci-jointe,  ce chouette tableau, en héritage, digne d’Halloween !

« Soit à votre richissime patron collectionneur, Soit sur un vide-greniers, Soit à une galerie d’art, Soit dans une célèbre émission télévisée sur A2… »

A inclure dans votre écrit le verbe emberlucoter !

 

 

 

Bonjour,

Je suis  nouvelle dans la profession et un vieil ami vient de  m’apporter un joli tableau  tout à fait dans le style de ce que vous exposez dans votre galerie d’art.

Bien sûr, il a été travaillé  et remis au gout du jour car franchement  avec l’ancien modèle, il faisait ringard.

Au moins  je ne crois pas vous  proposer de m’acheter un faux car cet ami a mis tant de fougue à le masquer, que l’on a  l’impression qu’il s’est acharné sur le  portait de  sa  petite amie qui vient de le quitter !

Non je plaisante  mais reconnaissez que c’est un tableau de valeur. Personne n’aurait jamais osé faire cela  à la grande dame qui trône derrière son cadre en déesse avec son petit sourire narquois depuis des années.

Je trouve qu’il est  peut-être allé un peu fort en ce qui concerne les yeux  mais je dois avouer que  ce visage ressemble  sûrement plus  à celui qu’elle doit avoir maintenant. Car c’est bien beau l’éternelle jeunesse  mais  il y a des limites.

 Et en l’occurrence, les choses ont été remises à leur  place.  Il faut avouer que si l’on s’aventurait (pitié mon Dieu)  à la déterrer, je pense qu’elle serait exactement comme sur ce tableau.
Mon ami est un visionnaire  mais un visionnaire de talent et d’avenir. 

J’espère que vous accepterez donc  d’exposer sur vos murs  ce chef-d’œuvre et que  vous le ferez ce mois-ci. Je dis cela car  les gens sont friands d’horreur en ce mois d’octobre, il n’y a qu’à voir ce qui se vend dans les  magasins.

Alors répondez  rapidement s’il vous  plait que je vous le fasse livrer  avant le  31 Octobre, il  n’en aura que plus de valeur marchande.  

Bien à vous 

Une novice en art mais qui sait reconnaitre quand c’est prometteur.

Ah encore une chose : j’ai essayé de rester franche et je n’essaie en aucun cas de vous emberlucoter, je vous sais assez  rusé  pour ne  pas vous faire avoir  par une inconnue.

Mme D.

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #recueil de nouvelles

Est mon quinzième recueil de nouvelles et de jeux collectifs à thème.

Toujours et encore vingt-trois  histoires  inventées naturellement quoique…

Toujours en autoédition chez Lulu.com http://stores.lulu.com/marieded

Ou sur amazon

https://www.amazon.fr/Marie-Chevalier/e/B009T4SLHW/ref=sr_ntt_srch_lnk_1?qid=1531657697&sr=8-1

Ou directement auprès de moi

 

nouvelle dans ce recueil

BEAUTE EPHEMERE

 

Elle était assise devant la porte de sa maison et à travers son grillage rouillé regardait les passants. Que se passait-il dans ce petit village déserté depuis des années pour que Adeline s’intéresse à ce point au va et vient dans sa rue ?

Il faut revenir quelques mois en arrière pour comprendre. Un matin, elle se réveilla complètement transformée. Elle si douce et si jolie avait pris des rides et du poids dans la nuit. Par quel hasard ? Comment cela a-t-il pu arriver… ? Complétement effondrée devant la glace de sa salle de bains elle n’en finissait pas de se palper. Les hanches, larges, le ventre bedonnant, la cellulite sur les bras et surtout ce double menton quelle horreur. Et la cerise sur le gâteau, ses cheveux qu’elle avait longs et brillants étaient devenus gris et sales.

Pauvre Adeline. Son mari, un homme de haute taille et portant fièrement une grande barbe qu’il ne coupait jamais s’assit comme tous les matins, face à elle pour prendre son bol de café quotidien. Il ne la regarda pas, mais cela était comme d’habitude. Il y avait bien longtemps qu’il ne la voyait plus. Aussi, elle l’interpella : Paul, tu ne remarques rien ?

Paul sans lever le nez lui répondit d’une voix agacée : je devrais ?

Elle capitula. Ce n’était pas la peine d’insister, il n’en avait rien à faire. Par contre quand elle passa près de lui, il ne put s’empêcher en vrai macho qu’il était, de lui mettre une main aux fesses. Et là, enfin, il leva la tête pour la regarder.

— C’est quoi ce cinéma ?

— Que veux-tu dire ?

— Tu t’es déguisée en sorcière ce matin ? Tu as mis du rembourrage à tes fesses ? Remarque tu en avais besoin, plate comme tu es !

Adeline, suffoquée regardait son mari comme on regarde un extra-terrestre. Il n’avait rien remarqué d’autre que la taille de ses fesses ?

— Paul, tu ne remarques rien d’autre ?

— Si la vaisselle dans l’évier.

Folle de rage, elle lui balança son bol à la tête. Il rugit se leva vivement et l’attrapa par le bras en la poussant violemment dans le mur.

— Ne recommence jamais ça où je te tue de mes mains !

Pour lui aboyer cela, il la regarda et malgré tout resta sidéré. Etait-ce bien sa femme cette …Chose… devant lui ?

— Tu vois Paul, ce qui m’est arrivé cette nuit, je suis devenue un monstre. Et toi ce que tu trouves à dire c’est que je me suis mis des coussins aux fesses ?

— Alors je ne rêve pas. C’est ainsi que tu seras dans vingt ans ? Grosse, mal fagotée, ridée et hideuse ? Heureusement que c’est arrivé aujourd’hui, ainsi je sais à quoi m’en tenir.

C’est tout ce qu’il lui dit avant de monter à l’étage faire sa valise.

Elle ne le revit plus. Il la laissa se débrouiller seule et c’est pourquoi, aujourd’hui, elle reste assise dehors pour regarder les passants. C’est ainsi qu’elle vit depuis le départ de Paul.

Elle avait mis une annonce dans le journal et les gens venaient le dimanche voir la « Chose »

Car il faut reconnaître que cette femme n’avait plus rien d’Adeline. Elle était hideuse, énorme, et laide et sale.

Les gens payaient pour venir voir le phénomène dont Adeline avait fait elle-même la promotion :

« Comment savoir ce que l’on sera dans 20 ans, moi je sais. Venez voir, ça vaut le détour. »

Et depuis, des centaines de gens venaient chaque dimanche regarder à travers le grillage rouillé la pauvre femme mourant de vieillesse à 40 ans… ils payaient pour voir cela. L’homme est un voyeur.

Cette petite histoire est la mienne, Paul m’a quittée un jour sans prévenir et depuis, moralement  j’ai pris vingt ans, je me sens vieille et moche et je crois que je ne vais pas m’arranger en vieillissant…


 

 

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