MON AUTOMNE
Je me souviens de mes 20 printemps
J’avais le cœur plein d’espoir et de crainte
Devant toutes ces années, tout ce temps !
Je voulais tout savoir de la vie :
Ses joies, ses bonheurs et ses contraintes.
Je me souviens de cet été de mes 30 ans,
Epanouie et heureuse, enfin sereine
Devant une vie qui me gâtait,
Une maison, une famille dont j’étais la reine !
Je ne pensais qu’à l’avenir,
Qu’à cette beauté et cette chance !
D’être au zénith de ma vie.
Et puis hier, j’ai vu partir les hirondelles,
J’ai vu se transformer cette nature si belle
En un bouquet chatoyant de couleurs.
Les arbres flamboyants, fiers
D’être l’objet de tous les regards.
Ma pelouse un peu grillée
Par le chaud soleil de l’été
Se recouvrait d’un joli tapis éclatant.
Une brume matinale adoucissait les contours
De l’horizon.
Les oiseaux parlaient beaucoup moins
Et cherchaient un coin douillet pour bientôt.
Le soleil paresseux, arrivait tard
Semblant mutiner, lui aussi dans ces petits matins.
Moi ? dans mon jardin, je me réchauffais
Encore à la douceur de ses rayons plus doux.
Je lui offrais mon visage aux fins sillons,
Aux petites rides, aux petits dégâts,
Oh ! Pas irréparables ! Mais installés.
Je somnolais et pensais les yeux clos,
Qu’il allait falloir rentrer du bois,
Ramasser les derniers fruits du jardin.
Et sans le dire à personne,
A 50 ans, il me fallait surtout …
Préparer…MON automne.
Fin
Virée !
Elle traçait des signes
Sur une feuille quadrillée
Puis nerveusement la froissait,
La jetait dans la corbeille…
Et recommençait.
Elle traçait des signes
Sur une feuille quadrillée
Et de l’autre main,
S’essuyait les yeux.
La tête penchée sur le côté,
Personne ne pouvait voir
Qu’elle maintenait un portable
Dans le creux de son épaule
Calé contre son cou.
Ce qu’elle entendait la chavirait,
Lui faisait grande peur,
La bouleversait.
De l’appareil si petit,
Une mauvaise nouvelle était sortie :
… Vous êtes virée… !
55 ans de fidélité, d’abnégation
Dans une fabrique de bonbons,
Et parce qu’elle avait atteint
L’âge fatidique,
Elle ne faisait plus l’affaire ?
55 ans de sa vie, tout cela
Pour être remerciée ce jour !
Le jour de son anniversaire ?
Le jour de ses 75 ans !
Qu’allait-elle faire maintenant ?
A quoi allait-elle passer son temps ?
Elle traçait des signes
Sur une feuille quadrillée…
Ecoutant les arguments tranchants
Que lui déversait son interlocuteur :
75 ans, un peu jeune, certes
Mais il faut penser aux autres
Qui attendaient sa place !
Dans la vie il faut savoir
Quand on doit partir !
Et 75 ans c’était très correct !
Devant elle s’ouvrait
Un magnifique avenir
N’est-il pas vrai ?
Elle traçait des signes
Sur une feuille quadrillée
Et la dernière représentait
Des tombes, un cimetière
La fin de parcours.
A 75 ans, alors que toute la jeunesse
Etait devant elle !
Elle n’allait quand même pas
Etre assez sotte pour passer
De vie à trépas ?
Elle n’en avait pas le droit
La vie est un cadeau !
Va te faire voir !
Hurla-t-elle avant de s’effondrer
En pleurs sur sa page quadrillée.
MC
Tu es la femme
Qui m’a fait pleurer
Tu es la femme
Qui m’a le plus manquée.
Tu es la femme
Que j’ai appelée
Si souvent dans mes rêves,
Dans mes cauchemars.
Que j’ai appelée
Quand j’avais mal,
Que j’ai appelée
Quand je tombais.
Tu es la femme
Que j’ai le plus aimée,
Tu es la femme
Que j’ai le plus détestée.
Et à l’automne de ma vie
Tu es la seule femme
Que je hais,
Car tu n’as pas voulu,
Ou tu n’as pas su,
M’aimer
Moi … ta fille.
fin