Thème "Impossible pas végétal"
D'après cette photo imposée :
Renaitre
Il n’avait pas plus depuis maintenant deux années.
Quelques gouttes de temps en temps mais rien qui puisse aider la nature à survivre. Alors nous avions perdu une partie de notre famille. Les gens qui étaient fragiles tombaient comme des mouches et les autres, amaigris, malades, et surtout sans force regardaient le ciel toute la journée, espérant voir au moins un nuage qui les rassurerait.
Rien. Nous avions tous terminé les restes de victuailles des magasins, et comme plus rien ne poussait nous en étions réduits à manger des conserves souvent périmées, mais nous n’avions que cela.
Les puits étaient vidés, enfin ceux qui restaient car beaucoup jugés inutiles avaient été comblés. Ah ! C’est dans ces moments -là que l’on se rend compte à quel point l’homme se croit au-dessus de tout et peut tout gérer !
Après avoir creuser encore et encore les nappes phréatiques, elles aussi étaient asséchées. En réalité, il ne nous restait plus que quelques bouteilles de vinaigre et un peu d’eau dans des bidons que nous allions chercher la nuit à la mer. Certes, elle était salée mais nous aurions bu notre pisse s’il n’y avait pas eu ce recours tellement le manque d’eau était invivable. La chance pour nous d’habiter à trente kilomètres de la mer. Nous y allions à vélo. La nuit il y avait un peu de fraicheur, enfin la température jusqu’à maintenant n’avait pas atteint les quarante degrés, ce qui était courant dans la journée.
Il n’y avait plus de routes vraiment praticables car la chaleur avait tout craquelé. Un véritable désert comme si une bombe nucléaire était tombée dans la région et avait tout rasé, et brulé.
Cette nuit -là la pleine lune éclairait comme en plein jour.
C’était idéal pour nous qui avec nos bidons attachés avec des ficelles au guidon de nos vélos, devions aller cher de l’eau à la mer. Nous étions une dizaine et on en ramenait pour ceux qui ne pouvaient plus bouger. Nous avions entre quinze et vingt ans et la jeunesse nous préservait un peu de la fatigue.
Soudain, Jonathan nous siffla et hurla : arrêtez-vous et venez voir !
Et là : au milieu de la route défoncée sur un petit monticule d’asphalte éclaté : un pissenlit !!!
Médusés mais tellement heureux ! la nature reprenait ses droits, aujourd’hui c’était un pissenlit et demain peut-être un champ ?
En attendant nous regardions ce végétal comme si nous avions trouvé un lingot d’or. Qu’allions-nous en faire. Les propositions fusaient :
On se le mange et on ne dit rien
On l’arrache et on le replantera chez nous
Non non on le laisse il va peut-être faire des petits ?
Bref personne ne sût que faire. Alors nous sommes remontés sur nos vélos, les yeux pleins d’espoir malgré tout. Il n’était pas venu là tout seul peut-être y a-t-il une source souterraine ?
Nous ne disions plus rien, écrasés par cette découverte : La nature quel joyau ! si la pluie revient, promis on la protégera, on s’occupera d’elle, on la bichonnera, c’est sûr ! …
Franchement ? … vous y croyez, vous à ces bonnes résolutions ?