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"Ce matin, comme tous les matins, je prends mon journal habituel (nom du journal), je le déplie et je découvre alors avec surprise que mon portrait se trouve en première page (...)"
JE M’AIME
Comme chaque matin je descends vers le centre-ville et me dirige d’un pas tranquille vers le marchand de journaux. Bien sûr je regarde les jolies boutiques bien décorées et qui m’attirent irrésistiblement. J’aime me regarder dans les glaces de leurs vitrines et me replacer une mèche folle. En fait je m’aime… je n’en ai pas honte, je suis plutôt bien fait et les filles se retournent facilement sur moi quand je fais mon jogging sur la plage.
Là, pour l’instant, je vais acheter mon quotidien : le courrier picard. Je n’ai trouvé que ce journal sur ce lieu de vacances qui
me raconte tous les potins des alentours et de la région et qui malgré tout, n’hésite pas à faire des pages sur ce qui se passe dans le monde.
Moi, je ne regarde en fait que les petites annonces car je suis à la recherche d’une petite voiture
d’occasion.
— Bonjour mademoiselle,
— Bonjour monsieur, le Courrier comme d’habitude ?
— Bien sûr et bonne journée !
— Vous de même …
C’est ainsi tous les matins et ce pendant les 28 jours de mes vacances, je plie le quotidien sans le regarder , j’adore m’assoir sur un banc, près de la mer et l’ouvrir. C’est mon plaisir. Me voilà bien installé, j’allonge les jambes et je le déplie. Je pousse un petit cri de stupeur : ma photo est en première page ! Quel émoi ! Qu’est-ce que cela veut dire ?
Avidement je lis : Cet homme est recherché … voir la suite page 3
— Merde il faut que je tourne la page !
Et là, fébrilement, je découvre une histoire
à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Je lis à voix haute, tellement je suis troublé.
Ce jeune homme, grand,
brun, d’allure sportive, est recherché dans tout le canton. A l’heure où nous imprimons nous n’avons que sa photo mais il est clair que cet homme a des démêlés sérieux avec la justice, alors si vous le rencontrez, merci
de prévenir la gendarmerie, et celle-ci nous a conseillé d’indiquer qu’il pouvait être dangereux.
Je reste assis, livide et essayant de comprendre. C’est une mauvaise plaisanterie, des potes à moi sans doute qui ont fait ce communiqué à la presse ! Hélas, quatre hommes s’approchent de moi, j’avais remarqué leur présence à la sortie du magasin de journaux, et sans me laisser le temps de dire un mot, me soulèvent en me demandant de rester calme.
— Où m’emmenez-vous ?
— A la police, vous vous y attendiez non ? Après ce que vous avez fait !
— Mais lâchez-moi et d’abord qui êtes-vous ?
— Les serveurs de de l’Auberge du Port, où vous avez tout cassé après avoir massacré le patron hier soir, nous avons ramassé ta photo sur le trottoir, pas de chance hein ?
— Mais vous devez vous tromper, ce n’est pas possible !
Ils m’emmenèrent de force à la gendarmerie et là encore, je fuis molesté et traité comme un criminel.
On me débarrassa de mes bagues, de ma chaîne de cou et de mes lacets, quelle honte ! et on me mit en cellule en attendant des instructions.
Je demandai à parler à un avocat, mais ils faisaient tous semblant de ne pas m’entendre. Un vrai cauchemar !
Enfin, une jeune femme entra dans le commissariat et on me fit venir.
Elle me regarda longuement.
— Alors mademoiselle c’est bien lui ?
— Non monsieur, je ne le reconnais pas du tout et pourtant je suis physionomiste.
— Mais alors ? On fait quoi ? demanda un jeune policier qui me retenait par le bras
— Vous êtes sûre mademoiselle ?
— Parfaitement sûre, le jeune homme qui a tabassé mon père était bien plus petit, plus blond, et surtout il lui manquait un doigt.
Les flics avaient l’air très ennuyé quand soudain je me souviens.
— Attendez, je sais ce qu’il s’est passé!
Hier soir je me promenais sur la digue, près de l’Auberge du Port et deux hommes m’ont demandé du feu. J’ai sorti mon briquet et
une photo de moi est tombée de mon étui à cigarettes. C’est comme ça je pense que celle-ci a été retrouvée et envoyée au journal.
— Mais pourquoi avoir une photo de vous dans un étui à cigarettes ?
— Tout simplement parce que j’aime mon visage et ma silhouette et que j’adore faire des photos de moi.
— Bon allez signer votre déposition et ne trainez plus dans les parages, me prévint l’officier de police, en ébauchant un sourire.
La demoiselle me regardait et sortit derrière moi. Elle me rattrapa et s’excusa pour tout ce dérangement et me dit qu’effectivement j’étais beau gars.
e me redressai comme un paon et lui répondit : Je sais, mademoiselle, moi aussi je me trouve beau, je m’aime mais promis je ne laisserai plus trainer de photo de moi dans mon étui à cigarettes !
Fin