le sujet :
Lors d'un jeu, vous avez gagné : une soirée dans le phare des Sanguinaires, avec le gardien, repas compris.
Mais (bien sûr il y a un "mais "; ce serait trop facile !
Mais, disais-je, lorsque vous arrivez au pied du phare, pas de gardien : la porte est grande ouverte et n'écoutant que votre courage, vous entrez ..Racontez votre soirée surprise : gaie, triste, épouvantable, comique, terrifiante, ennuyeuse. .C’est vous qui voyez !
Fantasme d’adolescente
Je m’arrêtais en bas de la jetée, complètement hirsute et décoiffée par un vent qui ne m’avait pas lâchée depuis ma maison
de pécheur louée à l’année près des dunes. . Ce phare, placé complètement au bout d’un pont branlant en bois m’avait déjà énervée. Mes hauts talons que j’avais
ressortis pour la circonstance se coinçaient dans les lattes disjointes et je râlais toute seule.
Fallait-il que je sois maso pour avoir répondu oui à ce fou de Gontran, organisateur d’un jeu débile auquel j’avais participé et
pire gagné, une soirée avec le gardien du phare des Sanguinaires.
Sous prétexte que nous étions allés à la maternelle ensemble, il s’était senti obligé de m’associer à cette soirée spéciale et il me l’avait avoué ensuite, m’avait fait gagner en trafiquant les billets !
Dans le dépliant qu’il m’avait donné, il était précisé qu’il fallait arriver à la nuit. Ça, c’était son côté un peu dément et surtout être vêtus tous d’une grande cape noire. Nous approchions d’halloween et je pense que c’était un piège qu’il nous tendait pour nous appâter.
Quand je me trouvai enfin devant le phare, la porte était ouverte. Jusque-là rien d’anormal car le gardien nous attendait. Je dis nous, mais je commençais vraiment à me poser des questions. Pas une lumière, pas un autre être humain aux alentours, et la nuit sans lune était impressionnante. Des bruits bizarres provenaient de l’intérieur, alors courageusement, restant sur le pas de porte, je demandai d’une voix forte : il y a quelqu’un ? Je me décidais à entrer.
Et puis zut, il y a toujours un gardien dans un phare, donc il suffisait qu’il m’entende et que je me présente. Surtout que j’avais gagné un repas avec lui.
Un grand type brun, maigre, portant des lunettes et surtout une grande redingote noire vint enfin à ma
rencontre.
— Vous désirez mademoiselle ?
Sans répondre je lui montrai mon invitation. Il sembla perplexe.
— Qui vous a donné cela ?
— L’organisateur du jeu : un gardien pour tous, pourquoi ?
— Il a dit que c’était à mon phare que vous deviez venir ?
— Evidemment, vous ne croyez pas que j’aurai s fait tout ce chemin dans la nuit si je n’avais pas eu une bonne raison !
Je m’énervais et en même temps j’angoissais. Dans quelle galère je m’étais encore engagée. C’est tout moi !
— Suivez-moi, dit l’homme à la cape noire.
J’obtempérai et je montai derrière lui les marches en perdant complètement mon souffle.
— Dites-moi, mon ami a parlé d’un dîner ? On va jusqu’où là ?
— Mais tout en haut, ma jolie demoiselle, sinon cela servirait à quoi de venir dans un phare ?
Bien sûr, c’était de bon sens.
— C’est encore haut ?
— Quelques mètres trois tout au plus ….
Enfin nous voilà sur une plate-forme bordée d’une petite rambarde.
— Ne vous penchez surtout pas, c’est dangereux. Voilà c’est là que j’habite et que je veille…
Je me retournai vers lui. Il n’avait pas été si proche de moi depuis notre ascension. C’est qu’il était beau le bougre !
— Nous devons dîner ensemble lui rappelai-je, vous vous souvenez, j’ai gagné, ajoutai-je en souriant.
Il ne m’écoutait pas c’était flagrant. Il me fixait et à la lueur blafarde d’une lampe tempête qui bougeait au gré du vent, il m’embrassa.
— Mais que faites-vous, arrêtez, vous êtes fou !
— C’est vous qui êtes folle de vous aventurer ici. Vous ne savez pas comment s’appelle ce phare ?
— A vrai dire si mais tout cela est n’est que foutaises !
Je n’eus pas le temps d’en dire plus. Il se rua sur moi, me coucha sur le sol trempé et me mordit violement le cou. Je sentis mes forces m’abandonner et prête à m’évanouir je me surpris à lui demander de continuer à aspirer mon sang. J’étais à lui, sa chose. Comme je me sentais bien, je dérivais et toujours ce vent qui geignait. Soudain, un grand cri me fit bondir :
— Danielle ! Viens vite, le repas est servi, tu ne vas pas rester à te balancer dans ce transat devant la piscine! Zut à la fin, on est toujours en train de t’attendre ! On est en vacances et ce soir on doit monter voir le phare, il parait que la vue d’en haut est superbe.
— Oui j’en viens…
Devant l’air ahuri de ma mère, je me demandai ce que j’avais pu dire de si extraordinaire quand je vis Louis hocher la tête, d’un air navré.
— Toujours en train de rêver ma pauvre Danielle, j’espère que c’est au prince charmant au moins !
Louis est mon grand frère, il a vingt ans et moi quinze, son meilleur ami c’est Gontran, beau comme un dieu !
MC