La principale consigne est de commencer son texte par« je me souviens » et une proposition de consigne supplémentaire, uniquement si vous en avez envie : choisir un mot unique dans la liste et l’intégrer dans votre texte : maison, anniversaire, rouge, bateau ou lundi
J’ai tout géré
Je me souviens, c’était un jour comme aujourd’hui. Dès le matin le brouillard avait envahi le jardin et l’on ne distinguait pas un arbre à cinq mètres. J’exagère sûrement mais ce temps m’a toujours angoissée. J’ai l’impression que je ne reverrai plus jamais le ciel bleu et le soleil.
Et ce matin du neuf février 2040, c’est ce qui arriva. Nous avions été informés comme toujours par des voix célestes qui nous avaient mis en garde contre ce phénomène, mais bien sûr nous ne l’avions pas cru. Depuis quelques années, des pirates s’étaient emparé de nos lasers et autres outils nucléaires et nous racontaient n’importe quoi ; on les appelait les anonymes de l’espace car naturellement nous ne savions pas qui ils étaient, sinon des êtres ingérables.
Marcus, notre père, avait fait le signe de croix en se levant. Nous en avions tremblé de peur car il ne le faisait jamais sauf en cas de grandes catastrophes et encore, il se contentait souvent de nous dire : si je ne me retenais pas je ferais le signe de croix. Mais là, ce neuf février 2040, il s’était signé.
Mes frères et sœurs, tous dispersés dans tous les continents s’étaient rassemblés dans la voute au-dessus du village de notre père. Nous attendions, il allait se passer quelque chose d’énorme et nous étions malgré notre peur, impatients de savoir.
C’est à ce moment précis, j’avais fermé toutes les vitres de la demeure et mis les alarmes, que tout se mit à sonner partout. Dans les autres demeures, dans les jardins, dans le brouillard, nous n’entendions plus que ces sirènes qui nous envoyaient des messages horribles : faites attention à vous, des hommes et des femmes arrivent à pieds ver nos villes. Ils sont nombreux très nombreux et nous n’avons jamais vu cette couleur sur une peau. Ils sont rouges, mais rouge vif, leurs cheveux également. De où viennent-ils ? Nous n’en savons rien mais restez sur vos gardes, n’ouvrez à personne. Et ces sirènes continuaient d’hurler.
Notre père le premier tomba. Une attaque soudaine. Sans doute un morceau d’étoile qui l’avait frappé ? Il n’en restait pratiquement plus et elles se désagrégeaient. Puis un par un tous les membres de ma famille tombèrent sauf moi. Je ne peux dire s’ils étaient morts mais aucun ne bougeait. Prise de panique je hurlais sachant très bien que personne ne pourrait venir à mon secours puisque tout était fermé. Tout à coup je vis ce que ces sirènes annonçaient : derrière nos carreaux blindés des dizaines d’êtres venus d’un autre monde regardaient chez nous. Ils étaient comme sur nos vieilles photos jaunies, habillés en costumes et en robes selon leur sexe. L’un d’eux frappa très fort contre la vitre et essaya de communiquer par geste avec nous ; je ne savais pas ce qu’ils voulaient sinon nous faire du mal c’est sûr puisque le père s’était signé. Alors j’ai fait ce que tout le monde aurait fait à ma place, j’ai pris mon fusil au laser et j’ai tiré par la petite lucarne prévue à cet effet. Je tirai jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne debout et poussai un grand soupir. Le danger était écarté. Ils allaient tous me féliciter.
— Claudia ? Réveille-toi, tu vas encore être en retard à l’école…
Maman avait l’air inquiet et se penchait vers moi.
— Ma pauvre chérie je ne sais pas à quoi tu rêvais mais j’ai cru que tu avais tout cassé dans ta chambre tant tu as fait de bruit !
— Maman, ne crains rien, je les ai tous immobilisés.
— Bien sûr ma chérie, j’ai vu toutes tes peluches par terre. Tu as dû les faire souffrir !
Maman souriait et moi je me réveillais. Il n’empêche que tout était calme, grâce à moi, nous avions évité une invasion d’inconnus d’un autre monde.