A LA BONNE BOUILLABAISSE
Mademoiselle la Rascasse étincelante dans sa tenue d’apparat rouge vif se moquait gentiment du jeune Congre, tout fringant et svelte.
— Tu vas où ainsi ? Lui demandait-t-elle d’un ton ironique, draguer la Vive ? Elle a mis sa robe couleur léopard et elle est vraiment très distinguée. Mais je suis sûre que l’as remarquée. Ce n’est pas comme cette grosse Lotte, mon dieu qu’elle est laide !
— Tu sais ce qu’elle te dit la grosse Lotte, bougonna celle-ci, vexée d’être moquée devant le jeune Congre.
—Taisez-vous donc, ne soyez pas méchants gratuitement. Madame la Lotte n’est certes pas la plus mince de nos consœurs, mais c’est la plus délicieuse et la plus dévouée.
— On sait bien que tu es amoureux d’elle, toi le gros Rouget Grondin, il est vrai que vous êtes faits pour vous entendre, tu n’es pas mince non plus, ricana la Rascasse toujours agressive.
— Tu es tout simplement jalouse, rétorqua le Rouget, un peu triste de voir ses amies et amis se chamailler pour des histoires d’amour. Car entre lui et la Lotte, il existait effectivement un amour et seule la mort pourrait les séparer.
— Ce n’est pas tout cela les enfants assez bavardé, nous allons être en retard et la bouillabaisse n’attend pas. Mettez-vous en ligne, redressez vos arêtes et tous sur la table de cuisine de Madeline la chef cuisinière du restaurant : « à la bonne bouillabaisse »
— Je sens que cette fois nous allons nous surpasser et que les clients nous savoureront avec allégresse !
Ce fut le cas… ils en ont repris deux fois.
— Trop bons ces poissons, quelle saveur et quel goût délicat.