Défi 227 croqueurs de mots
Evoquer un livre que l’on a bien aimé, nous donner envie de le lire mais, attention, ne pas tout raconter !

La touche étoile
De Benoîte Groult
Benoîte Groult, née le 31 janvier 1920 à Paris et morte le 20 juin 2016 à Hyères, était une journaliste, romancière et militante féministe française.
J’ai toujours aimée ces écrits et particulièrement « la touche étoile »
L’auteure nous embarque pendant tout le roman, drôle mais parfois émouvant et acide, dans le sillage d’Alice, vieille dame encore très alerte.
La vie y est observée, disséquée, et examinée à la loupe :
« …Le problème, c’est que pour écrire valablement sur la vieillesse, il faut être entré en vieillesse. Mais dans ce cas, elle est aussi entrée en vous et vous rend peu à peu incapable de l’appréhender…."
La vieillesse, les rapports jeunes/vieux, la lutte d’Alice toute sa vie durant pour le droit des femmes.
« …Les jeunes péronnelles d’aujourd’hui sont persuadées que les droits dont elles jouisssent sont tombés du ciel.
- Vous n’avez eu le droit de vote qu’à 30 ans ? Pas Possible !
- Y avait pas la pilule « autrefois » ? comment vous faisiez ? demandent ces déculturées pour qui « autrefois » commence hier et touche au moyen âge…. »
A travers sa fille, elle nous laisse aussi entrevoir non pas l’adultère, mais un véritable amour qui aidera celle-ci à vivre son quotidien.
Alice devenue veuve et vieille dame, nous convaincra qu’il faut donner à l’être humain le droit de disposer de son corps, l’âge venant.
« … je n’ai aucune envie d’assister au vieillissement de mes enfants …. Il n’était pas prévu jusqu’ici qu’une mère voie le beau petit humain qu’elle a mis au monde, devenir un spécimen flageolant au regard terne et déformé…. La longévité détraque la chaîne des générations… »
Elle fait d’ailleurs le parallèle avec le droit de disposer de son corps pour avoir ou pas un enfant quand on le souhaite.
« … La France n’est plus le pays des libertés. Nos députés viennent d’inventer l’hypocrite « laisser-mourir » formule affreuse bien dans la lignée du « laissez-les vivre » les deux slogans ayant en commun le même mépris des intéressés…. »
Elle qui a toujours milité pour ces droits, lutte maintenant pour le droit de mourir dignement quand on le souhaite et non quand le corps nous lâche et qu’il est trop tard.
Très beau plaidoyer pour le droit des femmes et pour la dignité de tous.
Mais Benoîte Groult l’a toute sa vie revendiqué et s’est toujours investie dans ce combat.
A lire sans modération.