A partir d’une photo, ou d’un objet, d’une odeur, d’un lieu , elle nous demande de raconter en quelques lignes , un souvenir bon, gai , ou triste, ou une anecdote de notre enfance , que cela a réveillé en nous .
Jeunesse heureuse.
Une petite salle louée pour le 14 juillet dans une vieille grange du village et nous voilà en petites robes légères, les bras nus et les ballerines aux pieds nous envolant comme des gamines que nous étions pour danser, flirter et qui sait tomber amoureuses.
Le musicien, son accordéon dans les bras, et sa voix chaude nous fascinaient. C’était à celle qu’il regarderait en premier quand nous entrions sur ce parquet ciré et posé pour accueillir nos jambes impatientes.
Le rouge aux joues, les yeux brillants on se tapait du coude et on riait comme des petites folles. Plutôt nous gloussions : il m’a regardée : non c’est moi, pas du tout c’est moi ! en fait il avait dû regarder tout le monde et avait souri de bonheur en voyant tous ces jeunes prêts à danser jusqu’au petit matin !
Parfois, l’une de nous trois, plus audacieuse, allait sur la petite estrade et lui demandait de jouer une chanson que nous aimions. Il acceptait toujours et dès les premières nous notes, nous lui hurlions merci, et commencions à nous défouler entre nous d’abord puis jouant les divas fatiguées, nous allions nous assoir sur des bancs de fortune. Là, nous attendions qu’un jeune garçon vienne nous demander : laquelle de vous veut bien danser avec moi ?
Nous nous retenions de hurler : moi ! moi ! très digne en recevant des coups de coude complices des deux autres l’une de nous se « dévouait » et pendant la durée d’une chanson, celle qui était dans les bras du joli gars, ne touchait plus terre. Ses ballerines la portaient, elle se faisait légère et avait envie que cette danse ne s’arrête jamais. Elle était si bien dans les bras qui la faisaient virevolter, tourner, sauter au son de l’accordéon de notre amour à toutes : Gilou.
Beau souvenir ma foi, je ne sais pas ce qu’est devenu Gilou, mais je sais que grâce à lui, j’ai encore dans la tête tous les refrains des chansons qui nous chaviraient.