Imaginez que vous êtes un arbre (chêne, bananier, charme, ce que vous préférez) et racontez votre histoire en une trentaine de lignes.
Au début de votre texte, vous insérerez une citation ou un proverbe relatif à un arbre.
Ne coupe pas l’arbre qui te donne de l’ombre (proverbe arabe).
Cela n’a jamais été si vrai qu’aujourd’hui. Yvan s’était assis le dos appuyé à mon tronc. Il faut dire que j’étais un solide vieux poirier, plus que centenaire, qui ne donnait que des petites poires immangeables tellement elles étaient dures et acides. Combien de fois dans son enfance s’était-il réfugié au pied de moi pour profiter d’un peu d’ombre ! Parfois ses parents venaient avec lui et s’installaient sur des petits fauteuils pliants. Le père somnolait la tête en arrière et sa mère tricotait. Ils étaient bien. La forte chaleur était si douce à l’ombre de mes branches qui permettaient ainsi à toute la famille d’en profiter.
Les villageois disaient qu’autrefois, on faisait de la gnole avec mes fruits et parfois également on les donnait aux animaux.
Personnellement, Yvan, en short le dos bien appuyé à mon écorce rugueuse était loin d’avoir des idées ludiques. Il allait attaquer mon ascension après avoir pris un casse-croute à la rillette. Il s’était entouré la taille d’une corde très serrée et la scie à la main, avait décidé de me tuer.
Une petite voix, lui disait qu’il ne devait pas, qu’il s’agissait d’un trésor familial, qui avait vu naitre et mourir plusieurs générations, que ce n’était pas bien. On doit respecter les arbres, ils sont utiles, ils nous protègent…
Il s’en fichait. Il se releva, mit ses oreillettes, attacha la corde le plus haut possible autour de mon tronc et commença à escalader, me piquant de ses crampons. Il était jeune et agile comme un singe disait sa mère et il le prouvait en grimpant très rapidement au sommet. Il faut dire que maintenant, sur ma dernière branche assez grosse pour le soutenir, il devait être à six mètres du sol.
On avait l’impression que les oiseaux se taisaient. On n’entendait plus que la scie électrique sans fil qu’il manipulait avec dextérité.
Mes branches tombaient une à une jusqu’à ce qu’il ne reste de moi qu’un grand tronc seul, dénudé.
Yvan descendit doucement et arrivé à terre, il leva les yeux et parut satisfait de son ouvrage. Il transpirait et avait tout à coup la tête qui tournait. Le soleil sans doute ? Il aurait dû se protéger du soleil. Mais il ne l’avait pas fait.
Il tomba comme une masse à mon pied et entendit une voix lui dire : tu n’aurais pas dû … était-ce moi qui lui parlais? Bien sûr ! Et pourtant ce n’était pas possible, un arbre ne parle pas.
Il essaya de se relever, mais retomba.
Il mourut seul, allongé au bas de ce bout de bois qui finirait sans doute bientôt dans la cheminée. Je l’avais pourtant protégé toute sa vie du soleil et des insolations. Tout le monde pensa (à juste titre) que je m’étais vengé.
Certains soirs quand les parents venaient se recueillir à l’emplacement où était mort leur fils, Ils levaient la tête devant cette colonne fissurée, ridée et pas un n’osait appeler un bucheron pour enlever ce qui restait de ma splendeur. Ils rentraient très vite en se couvrant la tête d’un journal ou d’un chapeau.
Ils se rappelaient sans doute ce proverbe lu quelque part : Ne coupe pas l’arbre qui te donne de l’ombre…