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Le blog de Marie Chevalier

Le blog de Marie Chevalier

un blog pour mes écrits et pour y recevoir mes amis

Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

On peut faire quelquefois d’un désagrément un atout.

Raconter, de préférence sur mode léger et sans allusion à l’actualité, votre plus beau souvenir de petit désagrément (maladie d’enfance, voyage annulé, …)

 

Il fallait en rire 

J’étais encore jeune et plein d’allant mais traumatisée par un travail stressant et fatiguant. Il faut dire que je voyais environ 300 à 400 personnes dans la  journée qui défilaient. Celui-ci pour déposer une remise-chèques, celui-là pour demander un crédit, l’autre  pour  avoir de la  petite  monnaie, l’autre encore pour obtenir une avance sur son salaire. Le plus exigeant était celui qui venait protester contre la différence entre ses  comptes et ses  relevés bancaires. Il fallait faire face, rester courtois et calme et franchement parfois  « on pétait les plombs ».

Un jour justement où je recevais un client modeste qui voulait anticiper sur  la fin du mois, je lui expliquai que cela n’était plus possible, il avait déjà largement utilisé tout ce qu’il avait et  que l’on ne pouvait aller  plus loin. J’ajoutai que  j’étais navrée, que je me  mettais à sa place, que je comprenais mais que…

Il resta assis dans le fauteuil clientèle en face de moi, bien qu’à plusieurs reprises  j’avais confirmé que  je  ne pouvais rien pour lui. A  un moment, très énervée  mais  cachant cela sous un sourire crispé je lui dis : Vous ne voulez  pas  partir ?  Pas grave, c’est moi qui vais m’en aller »

Il ne me répondit  pas. Je pris un gilet, mon sac  à mains et dignement sous le regard étonné  de mes collègues  je sortis. Je fis le tour du pâté de maison, bus un verre d’eau fraiche au  petit café  d’à côté,   et  rentrai…

Il était toujours  là, assis de la  même façon, les  jambes  bien tendues.

Mes amis commençaient à glousser, se moquant gentiment de moi. J’étais quand  même  prise de court. Je  m’assis toujours dignement devant lui et d’un air  narquois, il me demanda : il ne fait pas trop frais dehors ? Bon on reprend  où en étions-nous ?

Et là, je fus  prise d’un fou-rire  nerveux suivi par  plusieurs de mes collègues. Et lui –même se  leva et me dit l’air très sérieux : aller,  je vous ai assez ennuyée  pour aujourd’hui je reviendrai demain………

Mon seul réflexe, éberluée devant son aplomb fut de répondre sottement : OK  à demain…

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