Vous avez reçu une invitation à un vernissage, avec un(e) ami(e) ….
Ravie ou outrée vous partagez vos impressions devant les premières œuvres exposées … et mieux si vous insérez 2 expressions contenant le nom d’un animal
La peinture et moi
J’attendais à la sortie du métro Hôtel de Ville, dans le froid, Jodie qui devait me retrouver pour aller voir un vernissage auquel Marylou, une amie commune, participait.
C’était la première fois que je venais dans ce genre d’endroit car je ne comprends rien à la peinture; je peux simplement m’exclamer : c’est beau… c’est pas mal… je n’aime pas trop… mais vraiment sans connaissance aucune de cet art que beaucoup admirent.
Quand Jodie arriva, elle m’embrassa et me dit :
— J’ai une mauvaise nouvelle, en fait Marylou ne viendra pas, elle est grippée et certainement la peur au ventre, elle ne se sentait de toute façon pas d’attaque à venir écouter les réflexions sur sa peinture.
— Alors là, pas cool, elle aurait pu nous téléphoner avant.
— Jusqu’au dernier moment elle a cru qu’elle pourrait faire face.
J’étais furieuse car je gâchais mon après-midi. Jodie voulait absolument entrer dans cette galerie et forcément je l’ai suivie.
Et là je dois avouer que une fois la colère passée je circulais parmi des gens qui eux, savaient du moins donnaient l’impression de savoir, ce que représentaient tous ces tableaux petits, moyens et grands pendus aux mur.
Je remarquai plus particulièrement plusieurs tableaux du même auteur. Original disaient certains, magnifique, disaient d’autres et tout à coup une voix s’éleva, c’était Marylou :
— Juste bon pour tapisser mon séjour.
Tout le monde s’arrêta et la regarda outrés. Comment pouvait-elle porter un jugement si intense sur des œuvres d’autres artistes ?
— Bon ne paniquez pas ces toiles sont de moi. J’ai le droit de ne pas les aimer non ?
Cela ne se passa pas comme ça. Les visiteurs furieux ont commencé à l’invectiver, du genre ce n’est pas parce que vous êtes nulle en peinture qu’il faut nous prendre pour des imbéciles. Si c’est si mauvais pourquoi continuez-vous à faire ces horreurs, etc...etc….
Marylou ne répondait pas mais discrètement nous entrainait au fond de la galerie. L’ambiance était un peu calmée et nous regardions enfin plus sereinement ce qui nous était offert à nos yeux de candides.
J’en remarquai un particulièrement réussi, à mon gout ; il s’agissait d’un chat noir assis et une patte levée prêt à se la passer par-dessus l’oreille. On aurait cru qu’il allait sortir du tableau et venir se frotter contre nos jambes tellement il semblait vrai.
Derrière nous les visiteurs s’agglutinaient et étaient eux aussi scotchés devant cette toile magnifique.
Quelqu’un demanda qui avait pu faire ce chef-d’œuvre et Marylou se tournant vers eux, leur dit : c’est moi.
Ils restèrent sans voix et elle enchaina : eh oui, je peux être capable du pire et du meilleur. C’est cela aussi être artiste.
Tout le monde se tut et nous sortîmes toutes les trois en riant.
— Bon les filles je vous offre un verre ? J’ai vendu mon chat !
— Non ! A qui ?
—A la dame qui a été la plus violente dans ses paroles quand j’ai parlé de papier peint, donc j’en déduis que cette acheteuse aime la peinture et ne veut pas qu’on la dénigre. C’est tout bon pour les artistes des gens comme ça, il y a tellement de détracteurs !
— A la vôtre les filles !
— Marylou, c’est ton chat qui est sous la table ?
— Oh le vilain, il a sauté de son cadre !
Jodie, effarée nous regarda et annonça qu’elle n’irait plus jamais à un vernissage où alors quand il n’y aura que des natures mortes….