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Le blog de Marie Chevalier

Le blog de Marie Chevalier

un blog pour mes écrits et pour y recevoir mes amis

Publié le par marie chevalier
Publié dans : #mes poèmes

Déchirure

 

Une tristesse sans nom

Lui serre le cœur

Et la ferait pleurer

Si elle ne disait pas : NON !!

A la sensiblerie et à l’émotion.

Il est  parti ?  Pour longtemps ?

Peu importe la durée !

Elle est en manque :

En manque de ses mots,

En manque de ses mains,

En manque de ses  yeux,

En manque de  lui,

Tout simplement.

S’il revient ?

Plus rien ne sera comme avant :

Brisure, cassure, rupture,

Rancune, douleur, ressentiments,

Il va falloir bien du talent

Pour faire semblant

De ne l’avoir jamais connu

De ne l’avoir jamais aimé.

MC

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

Défi 173 : Croqueurs de mots

On vous a servi un breuvage qui vous a statufié sur un banc public. Racontez ce que vous voyez ou entendez  ou même ce qui se passe dans votre tête.

 

En dehors du temps

Je suis bien. Je n’ai jamais été aussi bien. Mes douleurs aux genoux ont disparu et je suis comme dans un rêve.  Près de moi sur ce banc, dans ce square  que je ne connais  pas, est venu s’installer un vieux monsieur. Je dis vieux car il doit avoir mon âge.

Il est vêtu comme en plein hiver et pourtant nous sommes au mois de Juillet. D’ailleurs, il s’essuie régulièrement le visage avec un bout de sopalin qu’il déchire consciencieusement du rouleau  qu’il a  posé entre nous deux. Il me parle, me dit qu’il fait frais pour la saison, que l’on endure une petite chauffe le soir et qu’il est heureux d’avoir acheté des sachets de verveine. Il en boit une en rentrant et ça lui fait du bien aux os. Je l’écoute béatement, un demi sourire sur les lèvres, mais en fait je me fiche éperdument de ce brave homme. Comme je vous  l’ai dit  je me sens  merveilleusement bien, je me sens  très bien.

Un jeune enfant passe près du banc et me lance son ballon. Je ne le rattrape pas. Le gosse  s’énerve : joue Madame !

Toujours mon sourire béat, mais pas un mouvement, pas un geste. Le petit s’enhardit ; il me tâte  les  mains et  téméraire vient  jusqu’à me tirer les cheveux. Je ne bouge toujours pas

        — Maman, la dame est froide ;

        — mais non voyons tu vois bien qu’il s’agit d’une statue.

  • Mais alors  pourquoi elle sourit ?

— Allez viens, tu m’en demandes trop !

         — Maman, Mama, tu as raison, i l y a  même  un pigeon qui vient de  faire caca sur sa tête !

  • — Alors tu vois !

A ce moment -là c’est moi qui me réveille, je sors de cette  léthargie passagère due sans doute à mon âge ou  à ce truc bizarre que m’a fait boire  Eliane,  et je me lève d’un bond. Le gamin coure encore….

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

La seule contrainte est de commencer votre texte, par : partir, ça y était : instant magique.

 

On part

 

Partir, ça y était : instant magique, n’est-ce pas Zoé que c’est magique ? Non ?  Tu ne réponds  pas tu es trop occupée ?   Zoé notre fille de trois ans trimballait son doudou dans tout l’appartement et me suivait pas à pas pour ne pas me  perdre.

Vincent quant à lui pestait contre la porte de cuisine en insultant bien sûr le  serrurier car c’était forcément de s faute si mon cher mari n’arrivait pas à rester calme devant une serrure tout à fait ordinaire. Il suffisait simplement de tourner la clef dans le bon sens mais il était gaucher et trouvait toujours cette excuse lorsqu’il fallait, par miracle qu’il s’occupe de  l’intendance.

Moi j’avais fermé les volets du séjour, des deux chambres et je finissais de cadenasser la  petite  lucarne de la salle de bains.

Zoé s’impatientait : Maman, Papa on s’en va quand ?  vite ! Je veux voir la  mer !

Enfin nous fûmes dehors sur le palier de l’immeuble. Plus que  cinq  étages  et hop à nous les vacances, à nous les châteaux de sable, à nous les baignades et le soleil :

Nos trois valises à roulettes  à nos pieds, mon sac à mains en bandoulière, et le doudou de Zoé calé dans son bras. Nous attendions  l’ascenseur au bout de cinq minutes, Vincent s’énerva et nous dit : je vais voir quel est le con qui n’a pas refermé la porte.

Zoé, forcément poussa un « Ho !! » d’effarement, naturellement offusquée  et ravie d’avoir entendu un gros mot.

Ne le voyant pas revenir, je l’appelai en me penchant à la rambarde : pas de réponse.

L’affolement me  prit. Que faisait-il, où était-il ?  Quand on le vit remonter à pieds les étages, à son visage pâle de  colère  je compris que l’ascenseur était tout simplement en panne.

— Bon partez sans moi, j’ai ma dose.

— Mais Vincent reste cool. Ce ne sont que des bagages à descendre, on fera plusieurs  voyages.

Il me regarda méchamment et dit :

— Et qui à  ton avis va les descendre ?

— Ben nous trois…

— Sans doute, oui  et puis avec votre manie d’emmener un tas de trucs qui ne servent à rien, je suis sûr que si je m’en étais occupé  il n’y aurait eu qu’une valise en tout, on ne  part qu’une semaine !

— Vincent ne sois pas de mauvaise foi. Les valises sont  là maintenant. On ne va  pas  les  vider n’est-ce-pas ?  Alors tu en prends une et moi une autre. Zoé, ma chérie tu nous attends ici surtout tu surveilles bien la dernière valise. On remonte tout de suite.

Arrivés dans le  hall, nous  avons fait une  pause pour souffler et Vincent  plein d’humour me dit : c’est tout bon ça descend, on remonte à vide. Je me mis à rire et lui fis un baiser sur la joue quand on entendit hurler Zoé.

Vincent remonta à toute vitesse et il me cria :

— Ce n’est rien tout va bien, reste en bas. Son doudou  est tombé dans l’escalier. On va le récupérer.

Il descendit la troisième valise, Zoé sur ses talons et au premier étage, elle récupéra  le doudou. D’une  petite voix elle nous dit :

— Ah ben dites donc c’est ça  votre  instant magique ?

Nous n’avons rien répondu trop occupés  à cacher nos sourires 

 

 

 

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Publié le par marie chevalier

 

 

 

LA PUCE

 

 

4èeme de couverture

 

Bruno et Ariane sont mariés depuis douze ans, ont une  petite fille adorable Diane. Ils vivent tranquillement dans un pavillon de banlieue  agréable.

Un soir, ils se disputent comme cela peut arriver dans un couple et ils vont se coucher  fâchés.

Le lendemain Bruno n’est plus là et Ariane trouve un petit mot sur la table de cuisine : amuse-toi bien moi c’est ce que je vais faire.

Toute sa vie va être modifiée à cause de cette  phrase. Contrariée et anxieuse, Ariane prend sa voiture et a un accident.  Alors commence l’engrenage infernal. C’est à ce moment  qu’elle perd complètement ses moyens et est obligée d’aller se faire soigner, mais  pas  n’importe où : au centre Dural…

 

Extrait 1

… Bruno essayait en vain d’appeler chez eux mais personne ne répondait. Mais où était passée Ariane ? Quand  même  pas  partie à cette saloperie de séminaire avec cet abruti d’Éric ? Elle lui avait  bien promis que tout était fini. Ils devaient tous les deux oublier  leur  petite escapade et reprendre leur vie calme et sereine…

 

Extrait  2

…Elle parlait vite, insultait la machine qui d’après elle n’allait pas assez vite et hurlait contre la veuve en lui faisant remarquer que sa vie était un torchon tout juste bon à lire aux toilettes. Mais elle ajoutait à chaque fois qu’elle l’écrirait quand  même car elle l’avait promis…

Extrait 3

Les portes se refermèrent, les lumières s’allumèrent et des glaces descendirent  tout autour du hall.  Personne ne pouvait ni entrer ni sortir ce qui était indispensable pendant le colloque de l’année qui élira à bulletin secret lequel des  patients sera choisi pour aller dans la sphère. Personne ne savait d’ailleurs ce qu’était la sphère…

Extrait 4

… Diane riait quand son père voulait prendre le  bébé dans ses bras car  automatiquement cela déclenchait des  cris. Vexé,  Bruno souriait malgré tout et en le rendant à sa  mère  disait que décidemment il ne savait pas s’occuper des enfants. Diane  se levait  venait  lui faire une bise et  le rassurait : mais si Papa tu as été un bon père jusqu’à ce que tout bascule. Nous voilà redevenus une famille normale c’est super…

 

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots
défi 171 (croqueurs de mots)

Défi 171 croqueurs de mots

Vous pouvez utiliser les images comme un escargot, comme un chemin, comme une marelle.

Vous pouvez vous laisser porter par les couleurs, par les odeurs que les images et pourquoi pas une musique,

J’ai décidé de les prendre à la suite en commençant en haut à gauche.

Petit rêve bucolique

Debout dans une prairie où fleurissaient abondamment des coquelicots, (1) j’attendais mon amoureux qui m’avait promis de me rejoindre avec sa voiture jaune (2) du boulot. Le connaissant, il va arriver joyeux et un bouquet de jolies fleurs (3) à la main, ou qui sait une invitation à venir dans sa chambre d’hôtel (4). J’y étais prête depuis le temps que nous nous connaissons et puis je l’aime.

En patientant, je me suis assise et regardais un canard (5) hardi venir vers moi. Il a dû être déçu quand j’ai ouvert ma petite valise en rotin(6) pleine de laine, que j’avais amenée au cas où je devrais attendre ! Je me mis à rêver de beaux monuments (7) entrevus dans un magazine et d’un voyage pourquoi pas tout cela en écoutant un magnifique solo de violon(8) qui est mon instrument préféré. Et puis comme mon amour n’arrivait pas, je m’allongeai dans l’herbe et je laissai mon esprit vagabonder. Je me revoyais fillette aux lunettes de soleil (9) m’extasiant devant un château en ruines (10) si je me souviens bien ?. En même temps je fus dérangée par un écureuil (11) qui passa à un mètre de moi pas du tout apeuré, je souris de plaisir, que c’est beau la nature !

Puis je repartis dans mon rêve : je dansais les mains de mon amoureux sur mes hanches et lui affublé d’un superbe chapeau (12) et nous étions bien. Puis il m’emmenait tout en m’enlaçant vers sa magnifique demeure avec un large balcon (13) . Sur le côté de la porte il avait un écusson (14) dont je ne reconnaissais pas la forme et puis on partait dans une jolie ville (15) et puis il y avait une statue de taureau (16) et puis… et puis…

— Nathalie !!!! Réveille-toi ma chérie tu dormais ? Tu es très belle quand tu dors.

— Je ne t’ai pas entendu arriver car je rêvais de toi, c’était très chouette.

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots

Défi 170

Ecrire une recette à la Prévert en prose ou en vers

Exemples : pour maigrir, pour être heureux, pour trouver le grand amour (et le garder).....

Faites nous rire donc vos recettes peuvent être délirantes, tout est permis

Pour maigrir

Pour maigrir il faut c’est certain

Avoir des kilos superflus

Sinon cela ne sert à rien

Commençons par le début :

On se pèse : on blêmit et on se dit

Demain … j’arrête

On ne sait pas vraiment

Ce que l’on doit arrêter

Mais on est plein de projets

Les pâtes nous paraissent un bon élément

Encore faut-il que l’on en mange souvent

Encore faut-il que l’on en est en réserve

Sinon ça ne sert à rien de les supprimer

Puisque nous n’en avons guère

Alors on va passer aux féculents

En regardant dans le placard

Même attentivement

On ne trouve

Ni haricots verts ni petits pois
Donc nous voilà rassurés

On n’aura pas à les supprimer

Donc si nous faisons le bilan

Nous n’avons rien à supprimer

Puisque nous n’avons rien

Donc le régime nous le commencerons

Quand nos provisions

Seront faites et rangées

Là, on pourra supprimer

Enfin et commencer.

Sans rire

A maigrir !

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Publié le par marie chevalier
Publié dans : #défis croqueurs de mots
défi 169 croqueurs de mots

Pour ce défi 169 , j’ai choisi dans les oeuvres de Bernard Mages

je vous demande d’en sublimer une ou plusieurs

en utilisant vos plus beaux mots .

 

Personnellement j'ai choisi celle-ci:

 

 

 

C'est du grand art

 

Du grand art, de la belle ouvrage,

Des formes à faire pâlir les femmes

Et surtout cette position décontractée

Mais difficile à tenir quand on est sur un pied

Cette beauté semble retenir les feuilles

Et pousser du pied un hortensia

Au milieu de la verdure

Elle reste plantée là

Protégeant de son ombre

Les promeneurs.

L’artiste a tout mis dans cette femme

La grâce, la sveltesse, l’équilibre

Et surtout le talent. Bravo l’artiste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié le par marie chevalier

Et pendant ce temps-là…

Tu avais six ans

Et il venait du village voisin

Te faire un bisou

On disait de lui :

Tiens voilà ton amoureux

Tu avais quatorze ans et tous les deux

Anxieux dans la cour du collège

Vous attendiez vos résultats

Du certificat d’études.

Tu avais seize ans et tu es partie…

Pendant quatre ans tu as tout oublié

Oublié son visage, oublié sa voix

Et puis

Tu avais vingt ans quand tu l’as retrouvé

Tu es tombée folle amoureuse

Après tant d’années perdues !

Tu l’aimais comme une démente

Tu avais vingt et un ans

Vous vous êtes séparés.

Une autre avait pris ta place.

Tu as plus de soixante- dix ans

Et il ne t’a jamais quitté

Tu ne l’as jamais revu

Mais il dort dans ton cœur

Tu le réveilles parfois

Mais il n’est plus avec toi

Bien que dans tes rêves

Tu le revois toujours

Il fut ton seul amour.

Les autres ne furent

Que des leurres.

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Publié le par marie chevalier

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Publié le par marie chevalier

une petite nouvelle:

Lettre ouverte

Je ne peux pas écrire correctement, mes pauvres yeux ne veulent plus rien savoir. Malgré mes quatre- vingt dix ans j’ai réussi à vivre en devinant souvent les choses. Je n’ai jamais voulu me faire opérer. Mes copines, Dieu a leur âme, me poussaient : tu verras tout est merveilleux on se demande pourquoi l’on a attendu si longtemps et bla bla bla et bla bla bla…

Ma réponse n’était pas si nette que cela. En réalité, je mourrais de peur d’aller dans un hôpital ayant la chance de ne pas avoir eu besoin de leurs services jusqu’à ce jour.

Donc je n’allais pas commencer avec une opération qui soi-disant m’aurait redonné mes yeux de vingt ans. De plus, je répétais sans cesse que je ne voulais pas me souvenir de cette période. C’est l’année où j’ai connu Martine. Une garce qui était dans la même entreprise que moi. Les deux doigts de la main, on s’était juré ! Tu parles ! On a vite fait de constater qu’en réalité elle était la main entière et qu’il n’y avait plus de place pour moi !

Un jour que je me promenais avec Charles, mon petit copain du moment, elle s’était imposée alors que nous avions vraiment très peu de temps ensemble. Vingt et une heures, chez nous c’était le couvre-feu, tout le monde devait être rentré. Ma mère comptait ses enfants avant d’aller se coucher, elle-même fatiguée entre les couches des petits et les devoirs des grands. Nous étions huit. Quatre garçons, quatre filles dont deux jumelles. J’étais une de ces jumelles et nous étions les plus âgées. Ce qui arrangeait bien maman car nous l’avons aidée très rapidement au ménage, à la lessive et à la cuisine.
En rentrant de l’école, vite l’une prenait les légumes pendant que l’autre calmait son braillard de petit frère. Quelle plaie ce gosse, il n’arrêtait pas une seconde de crier, de pleurer de nous battre avec ses petits moyens. A quatre ans il était intenable. Bref, je ne vais pas raconter ma vie mais je veux simplement insister sur le fait que les sorties étaient très rares et de toute façon limitées.

Donc ce jour-là Charles m’avait embrassée sur les cheveux en me disant que j’étais la femme de sa vie, vous savez ce genre de choses que l’on se dit à vingt ans et que l’on oublie très vite quand un autre vous raconte que vous êtes la plus belle. Cette garce de Martine qui savait combien je tenais à Charles s’était donc imposée ce soir-là et nous allions donc tous les trois au cinéma comme nous l’avions prévu avant son arrivée. Charles faisait la tête, moi aussi et Martine rieuse, s’était mise entre nous deux dans la salle de cinéma. Nous lui avons vertement signalé que nous souhaitions être l’un près de l’autre, elle nous a répondu, qu’ainsi nous ne céderions pas aux tentations de faire des bêtises.
Charles voulait partir mais moi je voulais voir le film, je n’avais pas assez souvent l’occasion de sortir pour faire la « fine gueule ». Conclusion, il boudait et moi aussi. Martine au milieu de nous très à l’aise, nous parlait à l’un et à l’autre tranquillement. Notre seule réponse était des « chut » qui n’en finissaient pas. Et puis le film en était à peu près à la moitié quand je tournai la tête vers mon amoureux pour voir comment il se comportait. Et là….. J’en ai encore les larmes aux yeux rien que de me souvenir ! Cette saleté de Martine avait une main posée sur le genou droit de Charles et de sa main gauche lui caressait la nuque ! Je restai sans voix et lui qui se laissait faire !!! Mais je n’avais pas vécu le pire. Un quart d’heure plus tard ils se levaient et sans se retourner sortaient du cinéma. Une colère m’avait prise qui me faisait hoqueter et perdre ma respiration. Moi aussi je quittais le cinéma et dehors essayais de reprendre mon souffle.

Intérieurement je l’insultais, la traitais de tous les noms mais finalement qui pouvais-je ? Je n’avais pas su me rendre indispensable à cet abruti de Charles ; Il n’empêche que quelques semaines plus tard ils se mariaient et la cerise sur le gâteau elle était enceinte !!! Alors qu’il n’avait jamais voulu me toucher, disant me respecter et patati et patata. Donc tout cela pour expliquer que mes vingt ans ne sont pas un bon souvenir.

Cela dit je n’ai pas regretté longtemps car un an après je fis la connaissance de Gigi qui fût mon compagnon de route pendant presque cinquante ans. J’eus de la peine quand il partit mais il était devenu si mal, il souffrait tellement que ce fut une délivrance pour lui et pour moi je l’avoue.

Et me voilà aujourd’hui, presqu’aveugle, dans une maison de retraite. Ce mot me fait bondir. Une retraite ? Finir ses jours ailleurs que chez soi en attendant la mort ? Mais une retraite ce n’est pas cela, c’est s’éloigner du monde pour réfléchir, se ressourcer, vivre son moi intérieur, se remettre en question, puis de nouveau en forme mentalement revenir chez soi. Là je sais que je partirai dans une chambre indépendante certes mais seule. Je me prépare doucement à cette idée c’est pour cela avant de ne plus rien voir du tout, je voudrais faire mon testament.

Comment ça je n’ai personne ? Et alors ? Est-ce ma faute si mes frères et sœurs ont rejoint l’éternité avant moi ? Est-ce ma faute si je n’ai pas été capable d’avoir d’enfant ? Cela m’a assez été reproché dans le temps, j’étais presque un OVNI ! Une femme qui ne peut pas avoir d’enfants n’est pas une vraie femme, voilà la messe était dite.

Personne n’a essayé de comprendre mes frustrations quand en cachette de Gigi j’étais allée consulter un gynéco et qu’il m’avait après plusieurs examens secrets annoncé la nouvelle.

Gigi, lui ne m’a rien dit mais il ne m’a plus jamais demandé de câlins. Un soir que je lui demandais la motivation de son attitude, il m’a répondu : un couple sans enfants n’est pas un vrai couple, alors je t’aime bien mais plus comme une femme, plus comme la future mère de mes enfants, tu comprends ?

Si je comprenais ? Il ne me fallut pas longtemps pour trouver des compensations auprès de collègues complaisants. Oh ! Il n’y en a pas eu des dizaines mais deux ou trois qui m’ont laissé de très bons souvenirs. Malheureusement, ils ne sont plus là non plus. Comme le monde se vide autour de nous quand on avance dans la vie !

Alors j’ai bien réfléchi avant de prendre ma collection de pilules et comprimés entassés dans une de mes bottes de pluie, je vais rédiger un papier qu’ils trouveront sur ma table de chevet.

Je lègue le peu que j’ai sur mes comptes bancaires à la maison de retraite à condition qu’elle fasse installer la télévision dans chaque chambre. Vous vous rendez compte au 21ème siècle, on est obligé d’apporter sa télévision ? Dans quel monde vivons-nous ! Je vous entends d’ici, vous les gens qui voyez clair, vous étonner, peut-être même ricaner : quelle idée cette télévision, elle qui ne voyait plus rien ?

Ils oublient tous quelque chose : une voix qui parle dans votre chambre et vous n’êtes plus jamais seul.

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