On part
Partir, ça y était : instant magique, n’est-ce pas Zoé que c’est magique ? Non ? Tu ne réponds pas tu es trop occupée ? Zoé notre fille de trois ans trimballait son doudou dans tout l’appartement et me suivait pas à pas pour ne pas me perdre.
Vincent quant à lui pestait contre la porte de cuisine en insultant bien sûr le serrurier car c’était forcément de s faute si mon cher mari n’arrivait pas à rester calme devant une serrure tout à fait ordinaire. Il suffisait simplement de tourner la clef dans le bon sens mais il était gaucher et trouvait toujours cette excuse lorsqu’il fallait, par miracle qu’il s’occupe de l’intendance.
Moi j’avais fermé les volets du séjour, des deux chambres et je finissais de cadenasser la petite lucarne de la salle de bains.
Zoé s’impatientait : Maman, Papa on s’en va quand ? vite ! Je veux voir la mer !
Enfin nous fûmes dehors sur le palier de l’immeuble. Plus que cinq étages et hop à nous les vacances, à nous les châteaux de sable, à nous les baignades et le soleil :
Nos trois valises à roulettes à nos pieds, mon sac à mains en bandoulière, et le doudou de Zoé calé dans son bras. Nous attendions l’ascenseur au bout de cinq minutes, Vincent s’énerva et nous dit : je vais voir quel est le con qui n’a pas refermé la porte.
Zoé, forcément poussa un « Ho !! » d’effarement, naturellement offusquée et ravie d’avoir entendu un gros mot.
Ne le voyant pas revenir, je l’appelai en me penchant à la rambarde : pas de réponse.
L’affolement me prit. Que faisait-il, où était-il ? Quand on le vit remonter à pieds les étages, à son visage pâle de colère je compris que l’ascenseur était tout simplement en panne.
— Bon partez sans moi, j’ai ma dose.
— Mais Vincent reste cool. Ce ne sont que des bagages à descendre, on fera plusieurs voyages.
Il me regarda méchamment et dit :
— Et qui à ton avis va les descendre ?
— Ben nous trois…
— Sans doute, oui et puis avec votre manie d’emmener un tas de trucs qui ne servent à rien, je suis sûr que si je m’en étais occupé il n’y aurait eu qu’une valise en tout, on ne part qu’une semaine !
— Vincent ne sois pas de mauvaise foi. Les valises sont là maintenant. On ne va pas les vider n’est-ce-pas ? Alors tu en prends une et moi une autre. Zoé, ma chérie tu nous attends ici surtout tu surveilles bien la dernière valise. On remonte tout de suite.
Arrivés dans le hall, nous avons fait une pause pour souffler et Vincent plein d’humour me dit : c’est tout bon ça descend, on remonte à vide. Je me mis à rire et lui fis un baiser sur la joue quand on entendit hurler Zoé.
Vincent remonta à toute vitesse et il me cria :
— Ce n’est rien tout va bien, reste en bas. Son doudou est tombé dans l’escalier. On va le récupérer.
Il descendit la troisième valise, Zoé sur ses talons et au premier étage, elle récupéra le doudou. D’une petite voix elle nous dit :
— Ah ben dites donc c’est ça votre instant magique ?
Nous n’avons rien répondu trop occupés à cacher nos sourires