CONSIGNE PROPOSEE
Habitant des étoiles, vous débarquez sur terre après un long voyage pour observer les êtres humains, livrez nous en trente à cinquante lignes vos premières impressions.
MECHANCETE OU PEUR ?
Ca y est nous y voilà ! Piérabus regarde !
Piérabus n’a pas du tout envie de regarder car on lui a dit tellement de mal sur la planète terre qu’il n’ose même plus descendre. Poussé par un des six bras de celle qui lui sert de mère, il saute dans l’herbe haute. Leur navette en une minute terrienne vient de traverser l’espace pour se poser en haut de la falaise de Fécamp. Tout avait été préparé avec soin par leurs robots : ils visitaient la terre et surtout notaient dans leur puce tout ce qui leur paraissait
incroyable.
Ils étaient encore sous le choc quand un autocar plein de touristes s’arrêta devant eux. Des dizaines de personnages plus bariolés les uns des autres sortirent de cette chose comme d’une boîte. Ils s’éparpillèrent en lançant des cris extrêmement bizarres et surtout très aigus. Un des leurs qui paraissait leur chef portait une casquette bleu marine avec un petit oiseau dessiné dessus. Il faisait de grands gestes et semblaient inviter les autres à monter tout en haut de la falaise où se dressait une femme géante toute de blanc vêtue. Elle ne changeait pas de position, toujours le bras droit tendu , et le plus étonnant tenant un petit terrien dans son bras gauche, et puis la tête tournée vers la mer, comme si elle attendait quelqu’un. Tous ces êtres étranges suivaient maintenant un petit chemin qui menait près de cette femme. Et là, Piérabus se frappa la tête pour enregistrer ses données. Ces personnages se groupaient autour de la dame et commençaient à articuler des mots, tous ensemble. On aurait pu croire qu’ils priaient bien que ce mot n’existât pas dans le vocabulaire de leur île aux étoiles.
Ce qui surprenait surtout l’enfant et sa mère était que la géante ne les regardait pas. Cela devait vouloir dire qu’elle ne les connaissait pas et ne devait pas parler à des inconnus sans doute ?
En tout état de cause, ils se mirent à suivre les derniers descendus du car et montèrent avec eux. Personne ne les voyait tellement occupés à lire maintenant dans un petit livre.
— Piéralus quand nous rentrerons chez nous,
n’oublies pas de leur dire que les humains vivent en
groupe, qu’ils vénèrent une seule femme bien plus grande qu’eux tous et que celle-ci les dédaigne et ne les regarde même pas. Tu vois mon fils
cela ne serait jamais arrivé chez nous, nous nous aimons
tous les uns les autres.
A ce moment de la conversation, un grand coup de tonnerre éclata, et la statue tomba et roula
sur le sol. C’est là que les visiteurs aperçurent nos
deux visiteurs. Ils se ruèrent sur eux, et
les massacrèrent à coups de pierre, en hurlant que c’était de leur faute, qu’ils étaient le diable et qu’ils leur avaient
porté malheur. Car il était évident qu’ils voyaient là le
bras de Satan.
Nos pauvres touristes des étoiles ne pourront jamais raconter la méchanceté des humains, et ainsi d’autres tenteront sans doute de nouveau l’expérience.
La foule se dispersa en se signant et en appelant Dieu pour qu’il ne leur fasse pas de mal, maintenant que leur madone était tombée de son piédestal.
Tout avait été enregistré dans les ondes et là-haut des ordinateurs étaient lancés à fond.
Il fallait résoudre un problème important :
Pourquoi l’être humain tuait ce qui n’était pas comme lui ?
Dure questions mais ils avaient confiance en leur matériel et un jour… ils auraient la réponse c’est sûr, ce jour-là, leur Piérabus et sa mère seront vengés de la méchanceté des hommes.
Décembre 2011