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Le blog de Marie Chevalier

Le blog de Marie Chevalier

un blog pour mes écrits et pour y recevoir mes amis

Publié le par marie chevalier
Publié dans : #recueil de nouvelles

 

 

 

Mon nouveau recueil est sorti. 

Il comprend 16 nouvelles, 10 histoires écrites sur des thèmes collectifs, et 5 poèmes libres.

Comme d’habitude, il est édité chez Lulu.com pour le prix de : 13 EUROS

et est disponible auprès de moi ou 

Ma page Lulu: 

Shop the Independent Bookstore | Lulu 

Ma page d'auteure amazon: 

Amazon.fr: Marie Chevalier: Livres, Biographie, écrits, livres audio, Kindle

 

Je vous mets ici une nouvelle que l'on retrouve dans ce recueil:

 

POURQUOI COURIR ?

 

Il avançait à petits pas comme marchent les personnes âgées qui craignent de tomber. Mais Nathan avait vingt ans.

Il était né lent et malgré une croissance normale, il ne savait pas marcher vite. Ses copains se retournaient souvent pour l’inviter à accélérer. 

Mais rien n’y faisait. Il les rejoignait et à chaque fois souriait en disant : je prendrai bien le temps d’aller au cimetière à petits ou grands pas.

On remarquait chez lui une tristesse même quand il souriait. Jamais aucun de ses amis ne l’avait entendu rire aux éclats. Pourtant parfois leurs blagues étaient drôles. Dans ce dernier cas il étirait les lèvres, sans ouvrir la bouche.

—Dis-moi, pourquoi tu ne veux pas t’amuser avec nous, on n’est pas assez classe pour toi ?

—Ne dites pas de bêtises, je suis bien avec vous, sinon je pourrais aller ailleurs. Pourquoi voulez-vous mettre tout le monde dans un moule ? Rire ensemble, pleurer ensemble, diner ensemble, se promener ensemble et pourquoi pas dormir ensemble aussi ?

—Oui pourquoi pas ? cela te choquerait ? pourtant c’est banal et naturel. C’est toi en fait qui n’acceptes pas les autres et non le contraire.

Ce genre de discussions interminables, ils en avaient souvent. Les copains aimaient bien titiller Nathan pour qu’une fois, ils le voient sortir de ses gongs ! Mais imperturbable, le jeune homme argumentait toujours gentiment et forcément au bout d’un moment ce sont ses camarades qui lâchaient.

Et puis il n’avait pas envie d’être comme tout le monde. Le fait d’être lent l’arrangeait souvent, par exemple quand il devait aller « vite » chercher une denrée manquante à la maison !

Ses parents ne lui pardonnaient pas sa différence : mais enfin Nathan, bouge-toi le cul ! hurlait Pierre son père quand il avait bu un peu trop avec ses potes de bureau. D’ailleurs, il avait honte, ne savait pas comment expliquer cette façon d’agir à ses amis ou même à sa famille, il se demandait ce qu’il avait fait de mal pour avoir un fils aussi mou.

 La tante du jeune homme, psychologue avait voulu le prendre en charge, mais il avait refusé et s’était fâché.

—Mais qu’est-ce que vous avez tous à me juger différent ?  Vous êtes qui pour me donner des leçons ?  Il faut que je ressemble à Papa ?  Terriblement violent quand il a bu ?  À Maman ?  Stressée et les dents serrées de peur et de retenue quand justement mon père hurle ?  C’est cela que vous voulez que je sois ? Eh bien non ! il va falloir vous faire une raison, je n’ai pas l’intention de fournir un effort pour changer ma façon d’être. J’ai vingt ans si cela vous père autant, je vais partir d’ici et ainsi je ne vous donnerai plus la honte !

Après cette violente répartie inhabituelle, il se tut et monta dans sa chambre. Ses parents, sidérés s’étaient regardés et la mère s’était mise à pleurer. Le père avait attrapé sa veste et était sorti en claquant la porte.

Les jours passèrent puis les semaines et personne n’entendit- plus parler de Nathan.il était majeur et au fond, ses parents n’étaient pas mécontents qu’il ait quitté la maison de son plein gré car comme tous les parents ce handicap leur pesait et ils s’imaginaient être obligés de le garder toute sa vie. Nathan savait tout cela. Il avait entendu sa mère supplier son mari d’être tolérant et de comprendre. Il était comme les autres son bébé, il apprenait très bien à l’école quand il était gamin, puis il avait réussi haut la main le bac et ses trois années d’études pour être vétérinaire ;

C’était là que tout avait commencé. A plusieurs reprises le professeur avait signalé sa lenteur.

—Il ne pourra jamais être véto, vous vous rendez compte ? si on l’appelle d’urgence et qu’il doit courir pour un animal en difficulté il fera comment ?  Non ce qu’il lui faut c’est un travail de bureau sans à -coups et surtout sans relations extérieures avec des clients. Ils se lasseraient vite de l’attendre tout le temps.

C’est ainsi qu’il fut embauché dans une compagnie d’assurances concernant les problèmes des agriculteurs. : les champs qui brulent, les granges qui prennent feu, les animaux qui se sauvent etc…  Bien des raisons d’être occupé à vérifier les déclarations de ces pauvres personnes en difficulté. Il aimait cela, se sentait bien avec les gens de la terre qui prenaient le temps de marcher, de parler et surtout qui ne faisaient jamais une remarque sur sa lenteur. Pourtant, quand il devait aller vérifier sur place, ce n’était pas une petite affaire. Les étables, les granges étaient grandes et les fermiers l’emmenaient tambour battant voir les lieux des sinistres. Le pire était quand un champ avait brulé. L’étendue lui donnait le tournis et il se demandait toujours s’il pourrait aller au bout sans tomber. 

A part cela, il était en pleine forme jusqu’au jour où…

C’était un samedi soir et il avait décidé de regarder un match de rugby à la télévision. C’était rare car il s’endormait devant l’écran, il ne supportait pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, de rester inactif.  Il était très lent sans doute mais pas impotent, il aimait d’ailleurs le dire à tout le monde. Mais ce soir-là, il ne se sentait pas très bien. Il avait très mal dans les jambes et se demandait pourquoi, étant donné qu’il n’avait pas fait d’efforts ce jour-là.

Il se leva pour aller chercher un verre d’eau et il se mit à courir dans tout son appartement. Il n’arrivait plus à s’arrêter. Il prit peur bien sûr et se dit qu’il devrait appeler un médecin. Il réussit à prendre son téléphone mais ouvrit la porte d’entrée. Il ne tenait plus en place, il fallait qu’il sorte.  Il dévala les quatre étages toujours en courant. Dans la rue, il ne pouvait plus se retenir, il n’évitait même pas les passants, il bousculait, haletait et courait encore et encore. A un moment il vit arriver en face de lui son père, qui se trainait, un peu ivre. Il le bouscula et sans se retourner lui cria : je coure, je marche vite, je suis normal !!!

Il riait, pleurait, n’en revenait pas du plaisir qu’il éprouvait à prendre de la distance. Pourquoi s’était-il privé de cette joie de sentir le vent sur son visage ?

Las ! … les forces tout à coup lui manquèrent. Il s’effondra et s’endormit.

Quand il se réveilla, le match était fini, la lumière de l’écran illuminait la pièce et il lui fallut bien du courage pour s’avouer qu’il n’avait fait qu’un beau rêve.

Il resterait lent. Tant pis, il avait eu une heure de bonheur, quand il tapait des talons sur le trottoir des rues empruntées. Il avait fait des kilomètres et rien que pour cela…  Il pensait peut-être quand même à aller consulter un spécialiste de la lenteur, cette profession devait bien exister, il commencerait ses recherches demain. Ce soir il allait se rendormir.  Si seulement il pouvait de nouveau voyager dans les rues…

 

 

 

 

 

Commenter cet article
C
Comme toujours avec Marie, le recueil est petit, court et facile à lire, à déguster sans modération.<br /> On y trouve des jeux littéraires, des poèmes, des nouvelles.<br /> Ce qui m'a surpris est la résilience que j'ai trouvé dans plusieurs textes. Marie a beaucoup écrit sur l'abandon, la colère, la souffrance, voire la haine qui en résulte.<br /> Il y a bien quelques nouvelles dans ce style, mais il y a aussi et surtout énormément d'amour dans ce recueil, d'espoir aussi, d'humour même parfois. C'est donc une Marie plus résiliente qui a écrit ce livre et le partage avec nous. Cet apaisement dans sa plume rejaillit sur nous, lectrice et lecteur, comme un baume sur notre âme et notre cœur. Ce sont autant de jolies marguerites d'un même bouquet qui vient égayer notre journée.<br /> Merci de cela, Marie !<br /> Je vous conseille ce recueil...
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M
merci pour ce chouette compte rendu de lecture bises Corynn
K
J'ai adoré ton histoire, un vrai régal.
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M
merci Karametendre un plaisir de te lire ici bisous
N
Je t'ai reconnue à chaque page de ton nouveau recueil, que je viens de terminer, chère Marie ! La photo de Tomine, en couverture, est superbe, jamais tu ne l'oublieras... L'actualité récente a inspiré de façon pertinente certains de tes textes. Comme toujours, j'ai mes préférences : les nouvelles, genre dans lequel tu excelles, "Entre terre et eau", "Ça s'est passé un premier mai" , "Regrettable erreur" ; le poème "Bonne année", et le double acrostiche "Pélerins" ! Bravo...
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M
merci Nic c'est vraiment très touchant pour moi de lire ton commentaire si élogieux Bises
M
Marie, je viens de finir ton livre. J'adore, j'imagine bien les personnages, des tranches de vie, des histoires de famille, les jeux sont bien aussi, rigolos et pas faciles (rire) la dernière nouvelle tu as joué à Stephen king lol il n'a qu'à bien se tenir! encore bravo Marie bisous
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M
merci Michel bisous
N
Une histoire originale, chère Marie. Bravo ! J'ai hâte de lire le reste du livre ! Bises.
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M
merci à toi Nic bisous
G
Merci <br /> Bonne soirée
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