petit texte dédié à toutes les Mamans:
BONNE FETE MAMAN
Dimanche c’est la fête des mères. Tous les ans, c’est comme ça. Il n’y a pas à revenir là-dessus, une fois par an, on fête les Mamans.
Partout, dans les magasins, dans les boutiques de vêtements, dans les chocolateries, même chez les marchands de vaisselle, on fête à grand renfort de promos et de pubs, les Maman.
Ces dames, ce jour-là ont droit, qui au mieux, à un petit dessin fait collectivement à l’école, il ne faut pas que nos valeurs se perdent n’est-ce pas. Elle est ravie : son petit bout de chou a fait ce petit présent de ses mains, et franchement, c’est sûrement celui qui aura le plus de valeur à ses yeux.
A la maison, c’est différent le papa donne un billet au fiston et lui dit doucement dans l’oreille pour que Maman n’entende pas : tiens c’est pour acheter un truc à ta mère, je te fais confiance, tu te débrouilles très bien, prends-lui quelque chose qui va lui plaire d’accord ?
Et puis papa ne veut pas être de reste et magnanime il va s’en mêler. Là encore, deux solutions :
Il donne deux billets à Maman et lui chuchote gentiment : tiens ma chérie, achète-toi ce qui te fait plaisir. En fait c’est ce qu’elle préfère, ainsi elle peut au moins s’acheter quelque chose dont elle a vraiment envie.
L’autre solution : Papa achète une friteuse électrique, ou une cafetière, ou pire une cocotte-minute, fait faire un paquet –cadeau et tout fier le jour J. va le chercher dans le garage, enfoui sous les tonnes de cochonneries entassées, il remonte et embrasse Maman : tiens ma chérie, je suis sûr que tu en rêvais, non ne me remercie pas je sais que tu voulais changer « la tienne » depuis longtemps. Car il va de soi, bien entendu que la cocotte -minute ou la cafetière sont la propriété exclusive de Maman, il est vrai qu’il n’y a qu’elle qui s’en sert !
Pendant ces petites cachoteries Maman, qui s’est levée tôt le matin sachant que ses bambins et son mari, la fêteront, s’est fait un joli brushing, a mis sa plus jolie robe qui date de plusieurs années, mais dans laquelle elle se sent bien et toute enjouée, elle commence à préparer le repas familial.
Ben oui hein ! II ne faut quand même pas trop en demander, c’est la fête des Mamans d’accord, mais le repas ne va pas se faire tout seul et il faut bien qu’elle récompense et fasse plaisir à sa petite famille qui va sûrement la gâter comme les autres années.
Alors le visage enflammé non pas par la joie, mais par ce sacré four qui fume depuis deux ans qu’ils doivent le changer, son gigot d’agneau qui commence à brûler et sa mousse au chocolat qui ne veut pas gonfler car le chocolat devait avoir atteint la date limite.
En tous cas elle savoure déjà le plaisir de ses enfants quand elle leur présentera les diverses petites crudités faites avec amour taillées, ciselées, et réduites en petites figures amusantes.
Et puis, une fois n’est pas coutume, elle accompagnera les crevettes d’une mayonnaise comme elle sait si bien faire et que toutes ses copines envient.
Las, cette saloperie de mayo ne veut pas monter, elle s’énerve, change de main, prend une autre fourchette, puis décide de se servir du batteur. Toutes disent que c’est mieux, alors !
Rien la mayonnaise reste à l’état de sauce liquide. Elle en pleurerait !
Elle ne désespère pas, elle tente d’en faire une autre : pareil ! La poisse. Elle a les nerfs là !
La porte d’entrée claque. Des pas dans le couloir : Maman, ça sent le brûlé jusque dans le jardin !!
— Merde c’est mon gigot !
— Alors chérie, on s’énerve ? Le jour de ta fête ?
Elle préfère ne pas répondre. Son petit dernier la regarde avec tellement d’amour dans les yeux tenant son petit flacon rempli d’haricots secs de toutes les couleurs et prêt à pleurer.
Elle se baisse vers lui :
— Bonne fête Maman !
— Merci mon trésor comme tu es gentil.
L’ado, resté derrière, le casque du baladeur sur les oreilles se balance et comme son père lui fait un signe, il fouille dans sa poche, sort le billet que son père lui avait donné :
— Bonne fête M’man !
Papa s’énerve, il n’avait pas prévu ça, car comme lui aussi avait été pris par le temps (il est vrai que la fête des Mamans leur tombe dessus aux maris et ils ne s’y attendent pas)
Donc Papa très gêné sort lui aussi un chèque de sa poche :
— Tiens ma chérie, achète-toi ce que tu voudras, désolé mais je n’ai vraiment pas eu le temps de m’en occuper.
Maman reste droite, remercie sans embrasser, s’excuse, monte dans sa chambre, pleure un bon coup, change sa robe pour un vieux jean et pull et redescend.
Ils l’accueillent dans la cuisine :
— Bonne fête maman, qu’est-ce que tu es belle ! Dit le petit.
— Ouai ! T’es top m’man !
— Oui ma chérie tu es la plus belle. On déjeune quand au fait ? J’ai le temps de passer un coup de fil à Gérard ?
Maman sourit. Maman sourit toujours même quand elle en a gros sur le cœur
Venez, on passe à table. Tu téléphoneras plus tard d’accord ?
Fin