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Le blog de Marie Chevalier

Le blog de Marie Chevalier

un blog pour mes écrits et pour y recevoir mes amis

Publié le par marie chevalier
Publié dans : #mes nouvelles

 

 

j'ai participé  à ce concours et ma nouvelle a été retenue  pour figurer dans un recueil collectif 

 je suis ravie de vous la faire connaitre ici:

                                      

                                                       Ça devait arriver                                                                    

 

Le ciel noircissait de plus en plus et il n’était que trois heures de l’après-midi. C’était ainsi depuis que dans le ciel ils avaient installé des caméras. Dès que la clarté était trop intense, un système très complexe baissait  la luminosité. Il fallait économiser l’énergie, nous n’avions plus que  le ciel pour nous en donner.

La dernière guerre avait tout détruit. Des années de recherches contre le cancer, le sida, l’arthrose, tout avait été pulvérisé. Les ordinateurs broyés, massacrés  et pire détruits sans aucun moyen de retrouver les données.

Nos villes, nos campagnes ressemblaient à une page sans fin de sable  vert.

Toute la planète avait été touchée. Des astronautes qui s’étaient installés sur la lune il y a vingt ans ont pu, heureusement sauver des vies humaines en nous rapatriant  dans le ciel. Ma mère dit toujours dans le ciel mais en réalité il s’agit d’une  plate-forme très épaisse en matériau inconnu qui nous contient tous.

Inutile de préciser que nous sommes les uns sur les autres, entremêlés à plat ventre. On ne peut faire autrement sinon nous tomberions, il n’y a pas  de barrières autour de nous. Nous sommes ravitaillés par des robots qui nous  lancent des  gélules. Personne n’a  eu le temps de nous expliquer leur contenu. Alors nous prenons cela en coupe-faim, en boisson ou pire en médicaments.  Beaucoup d’entre nous sont devenus tout verts. Des radiations sans doute. Du moins il y a cinquante ans on appelait cela ainsi mais avec tous les progrès que nous avons vu naître, en réalité on ne sait plus trop s’il s’agit de radiations ou tout simplement les résultats de  la grande misère.  Car  ce n’est pas  par hasard  que cela nous est arrivé. Notre planète  mourait, étouffée asphyxiée par les pesticides, les  anti-fleurs, les anti-mauvaises herbes, les vaccins à outrance, les  arrosages intempestifs, les  tue-fourmis, tue-mouches, j’en passe  et nos  oiseaux tombaient tous à force de manger et de boire  la pollution humaine à outrance.

Plusieurs fois, des colloques avaient  eu lieu entre toutes les nations  mais  les pays riches se refusaient à écouter le bon sens de ceux qui n’avaient que peu de terre et d’eau.  Nous croulions sous  l’abondance de nos récoltes, nous  jetions de la nourriture dans les rivières et la  mer. Oh ! Ne croyez  pas que c’était pour nourrir les poissons, au contraire, c’était pour tirer encore et encore des tonnes de litres d’eau pour arroser, faire des piscines, et  surtout noyer les bêtes qui gênaient, celles que l’on disaient  nuisibles : les abeilles, les guêpes, les taons parce qu’ils  piquaient, les  loups, les bêtes sauvages  parce qu’elles  mangeaient nos animaux domestiques que nous élevions par centaines dans des batteries ; bref  nous étions  en super abondance de tout  jusqu’au jour  où…

Un déséquilibre important de la nature fut constaté par des experts. Il fallait réduire notre  consommation  car nous allions tous mourir d’après eux. Personne ne les crut  bien sûr. Trop imbus de notre puissance, nous continuions à envahir de plus en plus de pays  pour satisfaire nos besoins du moins nos envies.

Quand un grand chercheur est venu faire une conférence et nous a demandé ce que nous souhaitions. D’un seul élan nous avons répondu : nous voulons tout.  Et nous l’avons pris… nous étions très riches et  cela n’a  pas été un problème pour acheter d’autres pays. Un homme s’éleva contre nos  méthodes, il était d’Afrique et racontait, du moins  inventait –car nous n’y croyions pas- que nous allions tous « crever » c’est le mot qu’il a employé. Nous avions entendu ce discours sur  notre petit bracelet  électronique et nous avions tous ricané. Un africain qui nous  menace ?  Mais  il veut combien ?  Qu’il dise son prix  on paiera et  ensuite on le tuera rien de plus simple, on récupérera ainsi notre argent.

Hélas, nous n’avions pas prévu qu’il nous menaçait vraiment et un matin….

Tout bascula. Je passe sur l’horreur de ce qui suivit.  Plus rien, rasé  plus de terre, plus de bêtes, plus d’hommes, plus d’enfants, quelques femmes  mais  peu. On vint nous chercher dans des  espèces d’avions sans ailes et  on nous installa là où je vous ai dit. Depuis soixante ans, nous stagnons rampant sur le sol, sans argent car  ceux qui nous tiennent et nous ont « sauvés » nous ont pris le  peu  que nous avions emmené.

Ils sont sur la Lune, heureux.  Ils  refont ce qu’ils ont fait sur la  planète terre. Ils  polluent, ils  massacrent, ils empoisonnent et prennent du bon temps avec nos femmes.

Ils les  paient bien alors elles acceptent. Il n’y a  pratiquement plus d’hommes valides ici. Quelques vieux, quelques gamins qui deviendront des hommes et des femmes  pour faire des enfants  à nos bourreaux.

Mais  si l’on doit payer, nous  paierons.  L’argent a toujours aidé dans les grandes décisions.

On nous a bien dit que nous n’étions  pas  prêts de retrouver  notre planète et on nous a dit aussi que toute notre vie nous ramperions devant  les  nantis de  la Lune…

L’important n’est-il pas de vivre ?  Même si cela coute cher ? Même si nous devons  être leurs esclaves ….

 

 

 

 

 

Commenter cet article
J
Ça me fait d'autant plus plaisir que je connais bien les gens de la Fabrikulture. Mo leur présidente anime un atelier d'écriture à Sète, j'y suis allée plusieurs fois...
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M
merci Jocelyne sans toi je ne les connaissais pas en plus Monique est très sympa bisous

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