Un petit texte en prose incluant quelques expressions (3 ou 4)
avec le mot œil ou le mot yeux,
Oh la belle bleue !
Nous étions le 14 juillet et les feux d’artifice éclataient partout sur Paris. Je voyais cela de ma terrasse et m’émerveillait devant tant de beauté. Ma femme qui était restée dans le salon le regardait à la télévision, c’est du moins ce qu’elle m’avait dit.
J’avais beau l’appeler et lui répéter que c’était nettement plus intéressant en direct, elle ne me répondait pas.
Au bout de dix minutes je me décidai quand même à venir voir ce qu’elle faisait et là je restai bouche-bée. Elle était assise sur son fauteuil préféré et la tête appuyée au dossier elle s’était mis son fameux masque anti-lumière sur les yeux. De plus j’étais sûr qu’elle portait également les boules Quies dans les oreilles.
Je m’avançai vers elle, elle ne m’entendit pas arriver. Pour ne pas l’effrayer je lui tapai sur l’épaule. Elle fit un bond, ôta en râlant son masque et me demanda pourquoi je la dérangeais.
— Mais chérie c’est le feu d’artifice, tu imagines toute cette splendeur, ces lumières de toutes les couleurs, tu redeviens enfant et tu as envie de crier : Oh ! La belle bleue ! Oh ! La belle rouge ! Tu en prends plein les yeux gratuitement.
— Et si moi je ne veux pas m’éblouir ? Si moi je préfère ne pas entendre ni voir ? Tu peux te rincer l’œil sans avoir à me déranger, non ?
— Tu es injuste je voulais simplement te faire admirer gratuitement, à l’œil si tu préfères, un magnifique spectacle.
— Toujours ton côté pingre, du moment que c’est gratuit tu es toujours partant !
Je retournai sur la terrasse écœuré. J’avais voulu lui faire plaisir et voilà qu’elle me cherchait querelle.
Je m’en bats l’œil de ses réflexions car de toute façon, je l’aurai autrement : quand elle voudra m’emmener à ses rencontres Tupperware avec ses copines je refuserai, elle sera bien ennuyée car elle ne conduit pas et a besoin d’un chauffeur, moi en l’occurrence : œil pour œil dent pour dent non mais !
Ah ! Voilà le bouquet final ! Que c’est beau ! Mais mon dieu que c’est beau ! Elle rate, elle ne se rend pas compte ! Oh et puis zut c’est son problème.