Pour ce défi 203 Laura nous propose sa partici “PASSION” …
Elle fait appel à votre gourmandise livresque en mariant ses deux passions :
"Les livres et les paysages"
La vieille dame qui s’aime
Je suis devenue une vieille dame sans m’en rendre vraiment compte. En effet il se trouve que j’ai toujours fait fi de mes anniversaires. C’était l’occasion pour moi de recevoir des cadeaux et certaines fois pas des moindres. Je me faisais belle pour ce grand jour et surtout pour entendre autour de moi des chuchotements d’envie :
— Vous avez vu comme elle se tient bien ?
— Vous ne pensez pas qu’elle se fait tirer la peau ?
— Vous croyez ? Remarquez cela serait bien dans sa nature : que du faux, du clinquant, vouloir toujours épater les autres.
Leur jalousie ne m’atteint pas car je sais comment elles peuvent être odieuses même entre elles alors qu’elles sont copines, alors moi qui ne suis pas de leur monde forcément, elles ne m’aiment pas.
Si l’on réfléchit bien ça veut dire quoi aimer ? on aime le lapin en gelée on aime être bronzé, on aime sa meilleure amie, on aime peut-être un homme ? on aime peut-être une femme ?
Ce verbe divulgué ne veut rien dire hors de son contexte.
Donc je ne plais pas. Soit on m’ignore, soit on me fait des courbettes sous prétexte que je suis une grande dame de la littérature. Je reste modeste mais mes romans ont un succès fou surtout auprès des adolescents. En effet j’aime décrire les sentiments de frustration que peuvent ressentir les adultes face à leurs gosses qui doucement entrent dans leur monde. Et là je suis formelle bien que les parents ne veulent pas l’admettre, il y a des tensions qui ressemblent fort à de la jalousie. Ces enfants les poussent vers la vieillesse en s’épanouissant et comme je n’aime pas les gens, je trouve cela jouissif. L’autre jour une voisine (à qui je ne dis que bonjour bonsoir) s’approche de moi et me fait remarquer avec arrogance que ma jupe a une tache en bas sur l’ourlet. Je rougis et vexée je lui réponds du tac au tac que la tache sur ma jupe n’atteindra jamais celle qu’elle a sur la joue. Oui je sais ce n’est pas gentil, mais elle m’avait cherchée aussi et ce n’est pas de mon fait si elle est née avec une «tache de vin » sur le nez.
Je bavarde, je bavarde mais en fait ce que je veux surtout dire c’est que mon souci principal n’est pas de plaire. Que l’on aime mes livres j’en suis flattée bien entendu mais je ne me prends pas pour une grande écrivaine. Je préfère de loin la lecture, m’embarquer avec Victor Hugo les matins quand blanchit la campagne ou rêver au bord d’un lac avec Lamartine.... J’aime la littérature poétique, j’aime les grands espaces, la mer, les lacs mais je m’égare…
Un bon livre vaut tous les amis du monde. Mais me direz-vous qu’est ce qu’un bon livre ? je répondrai sans hésiter : les miens…
Je croule sous le succès, on s’arrache mes romans et moi-même j’adore me lire. Assise devant un plan d’eau, devant la mer, dans un parc ou tout simplement juste en regardant un beau coucher de soleil, mon livre fermé par son marque-pages là où je sais que j’ai écrit le plus beau passage.
Je fais de l’autosatisfaction ? C’est ce que pense cette garce de voisine, mais elle ne sait pas tout ce que j’ai dans le cœur, dans la tête et dans les doigts. Elle ne sait pas ce que je ressens quand je regarde un arbre en fleurs ou mieux un oiseau chanter à la plus haute branche !
Car j’ai une devise : j’aime ce qui est beau, je cite : mes romans et la nature. Je suis donc une femme heureuse, n’en déplaise à mes détracteurs.